Trois copines partent fêter la fin de leur secondaire au bord de la mer. Objectif : danser, boire, et surtout s’envoyer en l’air, dans ce qui devrait être les vacances de leur vie.

Elles s’appellent Tara, Skye et Em, et ce sont les meilleures amies du monde. Le genre complices et baveuses à la fois, à se dire je t’aime tous les soirs, à se prendre par la main en dansant furieusement, et à se caresser les cheveux, tard dans la nuit, assises par terre devant la cuvette de la toilette.

Et disons que dans leur complexe festif quelque part en Méditerranée où elles vont se retrouver une semaine à festoyer, ça n’est pas exactement la modération qui règne.

C’est sur cette prémisse stéréotypée à l’eau de rose et fortement houblonnée que commence le tout premier long métrage de la Britannique Molly Manning Walker (une « révélation » selon le Guardian), qui réussit ici à s’éloigner subtilement du scénario de type Spring Break, pour raconter le plus complexe et poignant des récits, avec toutes ses nuances de gris, émotions contradictoires incluses : le consentement.

Ça a l’air didactique, résumé comme ça, mais ça ne l’est pas. Et ça n’est pas pour rien que le film, ovationné à Cannes, a aussi remporté le prix Un certain regard. En fait, on suit essentiellement la jeune Tara, bouleversante de justesse Mia McKenna Bruce (The Witcher, Vampire Academy, Persuasion), aussi festive quoiqu’un peu moins délurée que ses amies Skye (sournoise Lara Peake) et Em (plus effacée, mais finalement essentielle Enva Lewis).

Et c’est ici que tout se complique, parce que dans cette enfilade de fêtes, Tara espère se défaire de son malaimé statut de « vierge ». Si ses amies l’appuient, sans doute trop, on se doute d’emblée avec ce malaise subtil, mais si bien joué, que ça ne peut que mal se passer.

Là repose la force du scénario (qui, oui, se résume précisément à cela) et surtout du jeu des acteurs, qui arrivent à mettre en lumière toute la complexité des relations humaines en général, et des relations entre ados dopés aux hormones en particulier. Filles et gars, faut-il le signaler. Le tout sur fond de légèreté, un sourire gêné ici, un non timide là, un oui insistant plus loin, et on devine la fin.

Tout est suggéré. Rien n’est vraiment dit. Mais dur de faire plus senti. Le non-dit crève l’écran, et c’est un tour de force.

Saluons les jeux de pouvoir, si bien amenés, subtiles manipulations ici et là, qui sonnent si vrai qu’on s’y croirait. Saluons enfin les franches amitiés, imprévues et inattendues, loin des clichés, qui donnent finalement espoir parce que rien n’est exactement blanc ni noir. Encore faut-il en parler. Et ce film est un tremplin idéal, réaliste, nuancé, parfaitement trash pour le faire.

En salle

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How to Have Sex (V. F. : Comment faire l’amour)

Drame

How to Have Sex (V. F. : Comment faire l’amour)

Molly Manning Walker

Avec Mia McKenna Bruce, Lara Peake, Samuel Bottomley et Shaun Thomas

1 h 38

8/10