Lindy a 16 ans, un petit ami, et très envie de coucher avec lui. Jusqu’ici tout va bien, jusqu’à ce qu’elle apprenne, de la bouche d’un médecin, qu’elle a un syndrome particulier, est née sans utérus et a en prime un vagin atrophié. Sa vie s’écroule.

Le film commence sur des airs de film d’adolescent typique, de type coming of age : une trop belle fille aux cheveux trop parfaits d’un côté, et son petit ami, tout aussi plus que parfait, de l’autre. Du déjà vu, bien mâché, croit-on d’abord, à tort. Parce qu’on a ici tout faux.

C’est que le long métrage de Molly McGlynn (Mary Goes Round), malgré des prémices désespérément classiques, ose en réalité une incursion dans un sujet inédit : le syndrome MRKH. En gros, Lindy ne sera jamais menstruée, ne pourra jamais porter d’enfant, et, pour la question qui nous préoccupe ici, si elle veut avoir des relations sexuelles avec pénétration, devra en outre se dilater manuellement le vagin. Pardonnez-nous d’être si crue, mais c’est le sujet du film, après tout. Un film qui ne tombe jamais dans la vulgarité, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.

Il faut entendre le médecin annoncer son verdict. En fait, on l’entend à peine, puisque sa voix se brouille, comme tout le charabia médical qui suivra. En ce sens, on vit littéralement avec cette Lindy (très convaincante Maddie Ziegler) le choc du diagnostic, ses laborieux exercices (associés visuellement à toutes les opérations de construction, ouch), musique violente incluse. Ça fait mal. Et on a mal avec elle.

Là où ça se gâte, c’est quand Lindy rencontre une personne non binaire et intersexe, à qui elle osera enfin se confier. On peine à croire à cette chimie qui lie les deux personnages, même si l’idée d’ajouter une touche de diversité bienveillante est bien vue. Ainsi, si les échanges entre la mère (maladroite mais touchante Emily Hampshire) et la fille sonnent très juste, les dialogues en faveur de la diversité et de l’inclusion semblent ici beaucoup trop plaqués. Comme si le film valsait entre Sex Education (et les similitudes dans le rythme et la facture visuelle sont frappantes) et un topo pédagogique, disons.

Cela étant dit, on se laisse prendre au jeu, parce que le personnage de Lindy, inspiré de la vie de la réalisatrice, demeure convaincant : de sa volonté de se conformer à tout prix jusqu’à son affirmation (un chouia précipitée), on ne peut s’empêcher de sourire encore en se remémorant la finale, véritable coup de gueule bien envoyé. Mielleux, certes, mais savoureux.

En salle

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Fitting In (V. F. : Ma vie, mes règles)

Comédie dramatique

Fitting In (V. F. : Ma vie, mes règles)

Molly McGlynn

Avec Maddie Ziegler, Emily Hampshire, Djouliet Amara, D’Pharaoh Woon-A-Tai

1 h 45

7/10