Tomas, un réalisateur allemand établi à Paris, vit en couple avec Martin, un typographe anglais. Un soir de fête à la fin d’un tournage, il rencontre Agathe dans un bar. Coup de foudre ! Dès lors, Tomas entame une liaison ouverte qui menace sa relation avec Martin. Entre ses deux amours, Tomas devra faire un choix…

Des Valseuses aux Amours imaginaires, en passant par Jules et Jim et La maman et la putain, le triangle amoureux au cinéma représente (pratiquement) un genre en soi. Entre drame et comédie romantiques, la valse-hésitation sentimentale se transpose bien sur les écrans du septième art. Et ceux de nos cœurs.

Encore faut-il s’attacher aux membres du trio. Au moins à un ou deux… Malheureusement, le trio de Passages nous laisse froid. Pourtant, ce premier film tourné en France par le réalisateur américain, et francophile, Ira Sachs (Love is Strange ; Brooklyn Village) est porté par trois brillants interprètes : Ben Whishaw, Franz Rogowski et Adèle Exarchopoulos. Or, le récit de leurs déboires amoureux reste convenu, voire banal. Sans la profondeur ni la justesse des œuvres citées précédemment.

PHOTO FOURNIE PAR MÉTROPOLE FILMS

Franz Rogowski et Ben Whishaw dans une scène du film Passages

Impossible de s’émouvoir de ce triangle amoureux, dont chaque membre nous est antipathique. Dès la première scène, Tomas (Franz Rogowski) est dépeint comme un être narcissique et manipulateur. Son conjoint cocu, le ténébreux Martin (Ben Whishaw), semble plus blasé que blessé. Tandis qu’Agathe demeure un personnage en surface. De plus, malgré son magnétisme à la Bardot, on doute qu’elle arrive à faire changer de bord cet homosexuel qui n’a jamais couché avec une femme avant de rencontrer Agathe. En fait, les deux amants ne se regardent jamais dans les yeux…

Loin de Jules et Jim

Le réalisateur est secondé par de solides collaborateurs, dont la Montréalaise Josée Deshaies à la direction photo et Khadija Zeggaï aux costumes. Leur travail illumine l’écran, à défaut d’éclairer cette histoire d’amour qui finira mal. On ne vend pas de punch ; on le devine après 10 minutes. Malgré les influences assumées de Sachs pour le cinéma d’auteur français – les Godard, Truffaut, Jean Eustache, etc. –, Passages n’a rien de Jules et Jim ni du Mépris. Sa mise en scène n’est pas mauvaise, mais sans éclat et sans imagination.

Finalement, toutes ses références, d’un plan à l’autre, aux grands films du cinéma français sont plus intellectuelles que vraiment senties. Dommage.

Passages est présenté en salle, en version originale (anglais et français) avec sous-titres anglais et sous-titres français.

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Passages

Comédie dramatique

Passages

Ira Sachs

Avec Ben Whishaw, Franz Rogowski, Adèle Exarchopoulos

1 h 31
En salle

6/10