Dans les années 1930 à Paris, une apprentie actrice sans le sou, accusée du meurtre d’un producteur, se fait défendre en cour par sa meilleure amie, avocate au chômage, qui plaide la légitime défense. Mais la vérité pourra-t-elle vraiment éclater au grand jour ?

Au cours d’une entrevue qu’il nous a accordée, François Ozon a déclaré vouloir offrir cette comédie policière aux spectateurs comme s’il s’agissait d’une bonne coupe de champagne, pétillante à souhait. On ne sait trop si l’effet est dû aux bulles, mais le fait est que Mon crime est un film délicieux, qui prend sa source dans une époque depuis longtemps révolue – les années 1930 – pour mieux faire écho à des thèmes très contemporains, notamment la place des femmes dans la société.

En s’inspirant très librement d’une pièce oubliée du répertoire théâtral français, écrite par Georges Berr et Louis Verneuil (dont les Américains ont tiré True Confession, un long métrage que Wesley Ruggles a tourné en 1937), le réalisateur de Peter von Kant clôt une espèce de trilogie amorcée il y a 20 ans avec 8 Femmes (l’adaptation d’une pièce de Robert Thomas), poursuivi avec Potiche (l’adaptation d’une pièce de Pierre Barillet et de Jean-Pierre Gredy). À l’instar de ces deux films, Mon crime met en effet de l’avant des personnages féminins forts, qui tirent leur épingle du jeu malgré un contexte et des circonstances peu favorables.

PHOTO CAROLE BETHUEL, FOURNIE PAR SPHÈRE FILMS

Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz dans Mon crime, film de François Ozon

François Ozon installe l’ambiance dès le départ en lançant son générique sur un lever de rideau, faisant ainsi honneur à l’origine théâtrale de son récit. Une excellente trame musicale (signée Philippe Rombi), directement inspirée des histoires de meurtres et mystères, ne laisse planer aucun doute sur le style éclatant d’un film où tout scintille, même la pauvreté dans laquelle vivent d’abord les deux héroïnes.

On prendra plaisir à suivre le parcours de Madeleine (Nadia Tereszkiewicz), cette apprentie actrice sans le sou qui deviendra une vedette après avoir été accusée du meurtre d’un producteur véreux et lubrique. À la suite de ce succès, une nouvelle coupable se déclare pourtant, entraînant alors l’histoire vers de fausses pistes comme Ozon les aime souvent. Ce faisant, Madeleine et Pauline (Rebecca Marder), une jeune avocate également fauchée qui a défendu son amie en cour, se découvrent sans même le soupçonner une fibre militante en forçant la société patriarcale à se regarder dans le miroir.

Au-delà des répliques bien ciselées et de la direction artistique impeccable, Mon crime s’illustre surtout grâce à ses interprètes. Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder, magnifiques, sont ici entourées de pointures qui, visiblement, se délectent de ce qu’elles ont à dire et à faire. Isabelle Huppert fait flèche de tout bois dans un personnage d’actrice directement inspiré de Sarah Bernhardt. Son face à face avec Fabrice Luchini, impayable dans le rôle d’un juge dépassé par les évènements, est digne d’une anthologie. Et puis il y a Dany Boon (avec l’accent marseillais !), André Dussollier, et aussi plusieurs acteurs remarquables dans des personnages périphériques. Mention à Olivier Broche dans le rôle du greffier.

Alors, oui, on peut dire que le champagne est bon et qu’il pétille. Santé.

En salle

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Mon crime

Comédie

Mon crime

François Ozon

Avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert

1 h 42

8/10