Un professeur d’anglais, forcé de vivre reclus chez lui à cause de l’obésité morbide dont il souffre, tente de renouer avec sa fille adolescente, qu’il n’a pas vue depuis des années.

En portant à l’écran la pièce de Samuel D. Hunter intitulée The Whale, Darren Aronofsky (Requiem for a Dream, Black Swan) a bien relevé son pari de transposer au cinéma une œuvre qui, sur papier, paraissait difficilement adaptable.

Outre les performances des acteurs, dont celle, exceptionnelle, de Brendan Fraser, l’exploit réside surtout dans cette façon qu’a eue Aronosfsky, appuyé par son complice de toujours Matthew Libatique à la direction photo, de faire un objet cinématographique d’une pièce éminemment théâtrale au départ. Même si l’origine de cette œuvre reste évidente dans la construction dramatique du scénario, The Whale est une véritable proposition de cinéma.

Il y a d’abord le cadre. Carré. Comme pour délimiter l’espace restreint dans lequel le protagoniste doit évoluer, sans possibilité de sortir de chez lui. Ce cadre évoque aussi ce sentiment d’étouffement que doit ressentir Charlie, un homme atteint d’obésité morbide, dont la mobilité est réduite, prisonnier d’un corps trop lourd. À l’intérieur de cet appartement, Aronofsky parvient à créer néanmoins du mouvement, notamment grâce aux quelques personnes qui viennent rendre visite à ce professeur d’anglais, féru de littérature (l’un de ses récits favoris est Moby Dick, auquel le titre du film fait référence), qui donne ses cours virtuellement de chez lui, en prenant bien soin de ne jamais ouvrir la caméra de son écran d’ordinateur.

Le dernier acte de The Whale, au cours duquel Ellie, la fille adolescente de Charlie (interprétée par Sadie Sink), rend visite à son père après des années d’absence pour régler des comptes, est particulièrement poignant.

On pourra d’évidence voir en ce long métrage un exercice de style, mais il reste que la performance de Brendan Fraser transcende cette impression en donnant à l’ensemble une réelle authenticité.

Depuis le lancement de The Whale (La baleine en version française) à la Mostra de Venise, pendant laquelle une première version de ce texte a été publiée, le nom de l’acteur, qui fait ici un retour spectaculaire, est régulièrement cité pour différents lauriers. Brendan Fraser est d’ailleurs en lice pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique et devrait en principe se rendre jusqu’à la soirée des Oscars. Ce sera tout à fait mérité.

The Whale (V. F. : La baleine)

Drame

The Whale (V. F. : La baleine)

Darren Aronofsky

Avec Brendan Fraser, Sadie Sink, Hong Chau

1 h 57 (En salle)

7/10