Au début des années 1980, la directrice d’un grand cinéma de la côte sud de l’Angleterre, insensible au monde à cause de sa médication pour contrôler son trouble bipolaire, se sent renaître grâce à la présence d’un nouvel employé.

N’y allons pas par quatre chemins : Empire of Light ne remplit pas toutes ses promesses. Compte tenu des pointures en présence, tant devant que derrière la caméra, compte tenu aussi du fait que ce film est puisé à même les souvenirs personnels de Sam Mendes, qui signe seul le scénario (une première pour lui), nous attendions franchement davantage.

Ce que nous savions de ce projet, dont le récit est campé au début des années 1980, laissait d’abord croire à une ode au cinéma, à une vision nostalgique de l’expérience qu’était à l’époque le fait de se rendre dans une grande salle pour y découvrir une œuvre. On aurait ainsi pu penser qu’à l’instar de Steven Spielberg, Sam Mendes nous offrirait une lettre d’amour au 7e art à la The Fabelmans, d’autant que le réalisateur d’American Beauty a beaucoup réfléchi à l’avenir de son art pendant la pandémie, craignant en outre la disparition pure et simple du cinéma en salle.

À cet égard, l’aspect le plus intéressant du nouveau film de celui ayant réalisé trois superproductions d’affilée (Skyfall, Spectre et 1917) est sans contredit lié au lieu même où l’histoire se déroule. La majeure partie du récit a en effet pour cadre l’Empire, un magnifique cinéma à l’ancienne, avec marquise à l’extérieur et entrée de palace. C’est d’ailleurs à l’intérieur des murs de ce théâtre qu’évoluent tous les personnages.

Sam Mendes s’attarde principalement à dresser le portrait d’Hilary, la directrice du cinéma (Olivia Colman, toujours excellente) aux prises avec un trouble bipolaire, pour lequel la médication prescrite fait en sorte que la vie lui passe un peu toujours au-dessus. On souscrit bien entendu à cette sensibilisation à propos d’une maladie très répandue, mais dont on parle trop peu, mais il n’est pas dit que le cinéaste ait trouvé la meilleure façon d’aborder ce thème. Les faveurs sexuelles exigées du patron (Colin Firth), la liaison qu’Hilary commence avec un nouvel employé victime de racisme (Micheal Ward), et la façon dont sont dépeints les soubresauts sociaux de l’époque semblent un peu factices.

Surtout, il est trop peu question de cinéma dans ce long métrage, paradoxalement. Quand Hilary s’installe, seule, dans sa grande salle pour regarder un film, ce qu’elle ne fait jamais habituellement, c’est comme trop peu, trop tard. Même si elle tombe sur Being There...

Empire of Light est à l’affiche en version originale.

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Empire of Light

Drame

Empire of Light

Sam Mendes

Avec Olivia Colman, Micheal Ward et Colin Firth

1 h 54

6/10