Les tribulations de Michel, 53 ans, qui doit apprendre à son corps, qui s’est défoncé depuis 40 ans, à vivre normalement. Un combat quotidien qui lui permettra de mieux prendre soin de ses fils et peut-être même de faire la paix avec son père.

Quel beau personnage que ce Michel ! Rebelle, décalé et parsemé de contradictions, cet ex-toxicomane qui porte régulièrement une veste sur laquelle trône fièrement le mot « Loser » (perdant) se bat pour devenir quelqu’un de respectable. Son éblouissant interprète Francois Créton a puisé au sein de son propre parcours chaotique pour rendre crédible et attachant cet antihéros résilient qui aurait facilement pu verser dans la farce et la caricature à force de se mettre les pieds dans les plats.

Ce premier long métrage du cinéaste français Maxime Roy reprend l’essence de son excellent court métrage Beautiful Loser (certaines scènes sont identiques) afin de pousser encore plus loin sa réflexion sur la solidarité et la marginalité. Face à un système oppressant qui rend invisible une bonne partie de la population, le salut provient de la communauté. Un propos parfois appuyé qui rejoint sans difficulté les idées maîtresses figurant au cœur des œuvres de Ken Loach, Claude Sautet et Robert Guédiguian.

Centré autour de la figure de la paternité, Les héroïques rappelle que les enfants peuvent s’affranchir de la violence familiale malgré l’héritage du sang et de l’éducation. Cela donne des moments touchants réunissant le protagoniste et sa progéniture, qui est campée par son propre fils Roméo Créton. Puis il y a toutes ces séquences bouleversantes entre François Créton et son patriarche qui semblent sans cesse se fusiller du regard. Ce dernier est interprété par le vieux routier Richard Bohringer, qui trouve son meilleur rôle depuis plusieurs décennies.

En épousant le rythme de vie de ce punk au cœur doux, la mise en scène ne manque pas de sincérité et de lucidité, se voulant parfois immature, mais également empreinte de poésie, notamment lors de superbes séances clairs-obscurs de tatouage. Un soin particulier a été apporté aux cadrages serrés pour rappeler que le cinéma est une question de regard. Là où cette histoire quelque peu conventionnelle aurait pu être filmée avec noirceur et désespoir, c’est plutôt sa douceur qui habite le spectateur jusqu’à la fin.

Les héroïques

Drame

Les héroïques

Maxime Roy

Avec François Créton, Roméo Créton, Richard Bohringer

1 h 39
En salle

7/10

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