Synopsis : Des détenus enfermés dans un pénitencier deviennent les cobayes d’un médicament expérimental qui agit sur leurs émotions en échange d’une réduction de peine.

Le New Yorker avait publié en 2010 Escape From Spiderhead, une courte nouvelle de George Saunders sur le désir parfois amoral de la nature humaine de réparer les blessures de leurs semblables. Un texte fascinant et troublant qui a été artificiellement gonflé pour son passage au cinéma. Dans les mains des scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick (les auteurs des diptyques sur Deadpool et Zombieland), cela donne un récit dystopique particulièrement générique.

Le long métrage débute pourtant en trombe. Un chercheur (Chris Hemsworth) multiplie les tests sur ses sujets, s’intéressant surtout aux effets de ses expérimentations sur un prisonnier tourmenté (Miles Teller). La première demi-heure, des plus prometteuses, montre les conséquences de cette drogue capable de calmer ou de tourmenter le corps et l’esprit, permettant même de faire tomber amoureux.

Ce contrôle des sentiments et des comportements s’exerce avec une bonne dose d’humour noir et même de la satire. Une bouffée de fraîcheur qui ne tarde cependant pas à se tarir lorsque des intentions plus dramatiques et psychologiques se font ressentir, aussi superficielles soient-elles.

Cela finit par avoir un impact sur les acteurs, qui semblent jouer dans des films complètement différents. En scientifique fou qui se prend pour Dieu, Chris Hemsworth offre une performance délirante, rappelant celles de Vincent Price de la belle époque. Une interprétation pince-sans-rire qui contraste avec celle, beaucoup plus rigide et monolithique, de Miles Teller, qui ne semble jamais croire à ce qui lui arrive.

Souvent capable de sublimer ses sujets ordinaires grâce à des réalisations qui sortent des sentiers battus, le cinéaste Joseph Kosinski frappe ici son Waterloo. Il ne peut compter, comme dans ses précédents et impressionnants Top Gun : Maverick, Oblivion et Tron : Legacy, sur des scènes d’action spectaculaires et des effets spéciaux élaborés. Débarrassé de tout artifice, il doit se rabattre sur l’intime, qui n’a jamais été sa tasse de thé. Même la finale, plus mouvementée, déçoit par ses propositions artistiques qui laissent à désirer.

Peut-être faut-il regarder Spiderhead dans un état second pour y prendre un certain plaisir. Encore là, rien n’est moins sûr.

Sur Netflix

Spiderhead

Science-fiction

Spiderhead

Joseph Kosinski

Avec Chris Hemsworth, Miles Teller, Jurnee Smollett

1 h 47

5/10