Les derniers films vus par notre envoyé spécial à Cannes.

Jerry Lee Lewis : Trouble in Mind : Sans regrets

« J’avais tellement de cousins et cousines que j’en ai marié une ! », a dit en entrevue à la télévision Jerry Lee Lewis, dont l’un des cousins est le télévangéliste Jimmy Swaggart. Le pianiste emblématique du rock and roll s’est marié sept fois. Il avait 22 ans et venait de connaître le succès phénoménal de Great Balls of Fire et Whole Lotta Shakin’ Goin’ On lorsqu’il a épousé sa cousine de 13 ans. « Elle avait 12 ans. Elle a eu 13 ans le lendemain », a-t-il précisé, à l’époque, à un journaliste. Jerry Lee Lewis : Trouble in Mind, présenté en séance spéciale lundi à Cannes, est un hommage documentaire sobre et classique, fait d’archives, à l’un des piliers du rock and roll. Produit par Mick Jagger, le premier film d’Ethan Coen réalisé sans son frère Joel donne la pleine mesure du personnage électrisant et excessif qu’était Jerry Lee Lewis, et qui ne semble pas regretter grand-chose (lui qui a tiré à bout portant sur son propre bassiste). Surtout pas ce mariage scandaleux qui a failli mettre un terme à sa carrière, et qui lui a certainement fait perdre une décennie de succès avant qu’il ne se recycle en chanteur country.

Decision to Leave : Affaire classée

PHOTO FOURNIE PAR CJ ENTERTAINMENT

Decision to Leave

Un enquêteur tombe amoureux d’une jeune femme soupçonnée d’avoir tué son mari plus âgé, tombé d’une falaise. La jeune femme n’est elle-même pas insensible à ses charmes. C’est un scénario de film policier que l’on a vu 100 fois. Dans les mains de Park Chan-wook… ça reste un thriller somme toute conventionnel, tourné avec doigté, mais sans grande originalité. Sans la signature d’ordinaire si singulière du cinéaste coréen. Decision to Leave, son plus récent film présenté en compétition, est moins subversif que The Handmaiden, moins étonnant qu’Oldboy (Grand Prix du jury en 2004) et beaucoup moins romantique, dans un genre semblable, qu’In the Mood for Love (qui n’est pas de Park Chan-wook, évidemment). On devine assez rapidement pourquoi ce détective coréen, qui habite en banlieue de Pusan avec sa femme, fait durer son enquête. Et pourquoi la suspecte, d’origine chinoise, n’a pas envie de se retrouver de sitôt au rayon des « affaires classées ». Leur passé finira par les rattraper, mais leur liaison, à laquelle on croit difficilement, n’arrive pas à rendre mémorable ce joli film sans éclat.