(Cannes) L’hommage à Chéreau

Nouveau récit autobiographique de Valeria Bruni Tedeschi, cette fois autour de ses années d’étudiante à l’école de théâtre, Les Amandiers est aussi un hommage au regretté metteur en scène Patrice Chéreau (incarné par Louis Garrel, collaborateur et ancien compagnon de l’actrice et cinéaste). Le cinquième long métrage de la réalisatrice franco-italienne, campé dans les années 1980, s’intéresse à un groupe de jeunes gens, beaux, intenses, pris de vertiges, rongés par leurs démons. De leurs auditions au concours d’entrée à leur intégration à la fameuse école du théâtre des Amandiers, jusqu’à leur interprétation de Ce fou de Platonov de Tchekhov sous la direction de Chéreau (qui dirigea aussi Valeria Bruni Tedeschi dans l’adaptation cinématographique de la pièce, Hôtel de France, présentée à Cannes en 1987). Il s’agit peut-être du plus abouti des films de Bruni Tedeschi. On retrouve dans la magnifique distribution de nouveaux visages, dont le comédien franco-québécois Vassili Schneider. On se laisse happer par l’atmosphère, le rythme et l’enthousiasme de cette jeune troupe qui vit à la fois, au tournant de la vingtaine, ses plus grands bonheurs et ses plus grands malheurs.

L’homme-araignée

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Holy Spider a été tourné en Jordanie.

Holy Spider de l’Iranien d’origine Ali Abbasi commence avec ce dicton : « Tout homme finit par rencontrer ce qu’il cherche à fuir. » Inspiré d’un fait divers dans la ville sainte de Machhad, en Iran, en 2000 et 2001, ce long métrage tourné en Jordanie raconte l’histoire d’un tueur en série qui a assassiné une quinzaine de prostituées. Pour faire contrepoids à l’enquête policière qui piétine, une journaliste venue de Téhéran mène sa propre enquête sur celui que les médias ont surnommé le « tueur-araignée ». Elle soupçonne les milieux politiques et policiers de collusion. « Il leur fait du nettoyage. Ils ne vont pas l’arrêter », dit la mère d’une des victimes. Le « tueur-araignée », Saeed, ancien militaire et père de famille, prétend « faire le djihad contre le vice ». Certaines scènes de meurtre, par strangulation, sont insoutenables. Holy Spider se présente comme un thriller à la Zodiac de David Fincher – qui devient moins crédible plus l’enquête journalistique progresse –, mais son intérêt se trouve surtout dans sa manière de dépeindre le statut de la femme en Iran. C’est en quelque sorte un pamphlet contre la société ultraconservatrice et misogyne qui maintient les femmes dans la soumission et la crainte d’être humiliées et violentées.