Disons-le tout de go : il y avait longtemps qu’un thriller nous avait tenu en haleine du début à la fin de cette façon. Il est vrai que le nouveau film d’Alexandre Aja (Piranha 3D, Crawl), qui délaisse l’aspect plus explicitement horrifique de ses films précédents pour emprunter cette fois la voie d’un suspense anxiogène, repose sur l’un des cauchemars les plus terrifiants qui soient pour tout être humain : être enterré vivant.

Portant à l’écran un scénario de Christie LeBlanc, qui a un temps figuré sur la « liste noire » des meilleurs scénarios orphelins à Hollywood, le cinéaste français propose un huis clos physique et mental angoissant, dont les jalons sont posés dès le départ. Le récit d’Oxygène repose sur la réanimation imprévue d’une femme enfermée dans un caisson cryogénique. Se réveillant dans un état de panique quand elle comprend être confinée sanglée dans un endroit aussi exigu, des électrodes plein la tête et des tubes partout sur le corps, cette femme ne sait plus qui elle est, ni où elle est, ni pourquoi elle se retrouve dans cette espèce de cocon qui ressemble à un cercueil futuriste.

La grande force de l’approche d’Alexandre Aja est d’entretenir le mystère pour le spectateur de la même manière que pour son personnage. Ce caisson à la fine pointe de la technologie sera l’unique décor du film et cette femme, l’unique protagoniste. Exception faite de quelques incursions furtives dans le passé de cette dernière, le récit entier se déroule à l’intérieur de ce sarcophage moderne, même si quelques communications avec l’extérieur parviennent à être établies, grâce à M. I. L. O. (Medical Interface Liaison Operator). Cet ordinateur, qui pourrait être le descendant du fameux HAL de 2001, l’odyssée de l’espace, est doté d’une intelligence artificielle sophistiquée et s’exprime avec la voix de Mathieu Amalric.

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Mélanie Laurent dans Oxygène, un thriller d’Alexandre Aja

Une course contre la montre

Sans rien dévoiler du récit, c’est grâce à M. I. L. O. que cette femme peut enfin en apprendre sur elle et qu’elle peut appeler à l’aide. Car, en plus de s’être réveillée de façon imprévue dans une minuscule cabine dont elle ne peut sortir, Elizabeth (c’est son prénom) doit aussi se battre contre la montre face à une mort certaine, la réserve d’oxygène s’épuisant à un rythme affolant.

La mise en scène, particulièrement mise en valeur grâce à la caméra de Maxime Alexandre, est astucieuse. Alexandre Aja, qui n’avait pas tourné dans la langue de Molière depuis Haute tension, qui l’a révélé, a bien fait de rapatrier en France ce projet qui devait au préalable se faire aux États-Unis (Anne Hathaway et Noomi Rapace ont été pressenties). Cela lui a sous doute permis de ne faire aucun compromis hollywoodien sur le plan du récit. Surtout, le cinéaste a ainsi pu offrir le rôle à Mélanie Laurent (Inglourious Basterds, Le concert).

L’actrice offre ici une performance éblouissante. C’est d’ailleurs grâce à elle si le pari audacieux que constitue ce film est aussi bien tenu.

À travers ce cauchemar éveillé, Mélanie Laurent a l’occasion d’exprimer toutes les nuances liées aux différentes étapes que franchit le personnage, de la terreur à la révolte en passant parfois par l’espoir, l’apaisement et la résignation. Autrement dit, l’actrice illustre de façon très convaincante comment un être en danger de mort ne peut faire autrement que de recourir à toutes ses ressources intérieures pour tenter de survivre.

Oxygène est un thriller exténuant, d’une impitoyable efficacité, dont on met un moment à se remettre et à retrouver son souffle.

En exclusivité sur Netflix.

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Oxygène, d’Alexandre Aja

Oxygène

Drame fantastique d’Alexandre Aja
Avec Mélanie Laurent, Mathieu Amalric, Malik Zidi
1 h 40
★★★★