Gunda est une truie. Elle est la vedette principale de cet essai cinématographique où le spectateur est invité à la regarder vivre de près. Il y a aussi des poulets et un troupeau de vaches.

Une mise en garde ici s’impose. Il n’y a pas d’« action » dans Gunda. Il ne s’y passe pratiquement rien. Le documentariste russe Victor Kossakovsky (¡Vivan las antípodas !, Aquarela) nous ramène à ce qui a fait l’essence même du cinéma à sa création. Aucune narration ne ponctue les sublimes images en noir et blanc de ce long métrage inclassable qu’on case dans la catégorie « documentaire », probablement en désespoir de cause. Aucun être humain n’y est vu, aucune note de musique n’y est entendue. Le cinéaste invite tout simplement le spectateur à se poser et à regarder vivre de près quelques animaux dans une ferme, qu’il filme de façon intime.

Pour peu qu’on accepte de s’arrêter un peu, et de se prêter au jeu, l’exercice est fascinant. Gunda est un succès sur le plan cinématographique, mais la plus grande réussite du cinéaste est de révéler un message écologiste sans aucune manipulation militante.

Soutenu par Joaquin Phoenix, qui a tenu à s’impliquer à titre de producteur délégué après avoir vu une version non encore terminée du film, Gunda se distingue en effet grâce au parti pris qu’a emprunté Victor Kossakovsky.

Dénué de tout artifice, son long métrage n’a rien du brûlot repoussant et ne mise sur aucune séquence sensationnaliste pour faire valoir sa vision. Il n’en devient que plus puissant.

De façon quasi contemplative, le spectateur regarde vivre cette truie, nommée Gunda, et ses porcelets, ainsi que quelques autres animaux. Même s’il ne comporte aucune histoire à proprement parler, le dernier acte de cet essai cinématographique, très sobre, atteint néanmoins son but, soit celui d’évoquer la domination de l’homme sur la nature en empruntant le point de vue des animaux. C’est à la fois surprenant et très fort.

Gunda est présenté en salle dès ce vendredi.

AFFICHE FOURNIE PAR ENTRACT FILMS

Documentaire
Gunda
Victor Kossakovsky
Avec Gunda
1 h 33
★★★★