1863. En pleine guerre de Sécession, l’adolescente Martha Jane Cannary fait partie d’un convoi en route vers l’Oregon à la recherche d’une vie meilleure. Lorsque son père se blesse, Martha prend la tête du chariot familial. Le jour où elle enfile un pantalon pour faciliter sa montée à cheval, sa vie change. Calamity Jane est née.

Utiliser la mythique conquête de l’Ouest américain comme métaphore pour parler d’émancipation, d’autonomisation (empowerment) et d’égalité entre les femmes et les hommes, il fallait y penser ! C’est ce qu’a fait Rémi Chayé dans ce très beau film familial dont le personnage central est la terrifiante Calamity Jane.

Terrifiante ? Pas ici. Martha est volontaire, déterminée, incertaine, mais toujours prête à aller de l’avant. Elle est mue par une quête de justice sociale et déterminée à défier la convention des genres.

Il faut comprendre que l’histoire se situe alors que Calamity entre dans l’adolescence (et non la légende). Devenue cheffe de famille, prise à partie, raillée, isolée et faussement accusée de méfaits par les garçons de son âge dans le convoi en route vers l’Ouest, elle doit multiplier les efforts pour prendre sa place.

Il est d’ailleurs assez curieux de constater que le leader du convoi, Monsieur Abraham, est un homme aussi intransigeant que peu enclin à donner crédit à la jeune femme. Doit-on y voir une critique du président Lincoln ? Après tout, nous sommes en 1863 et le personnage ressemble à s’y méprendre au 16président américain.

Par ailleurs, il est évident que les artisans du film ont pris beaucoup de largesses avec l’histoire officielle. Et pour cause ! On sait aujourd’hui que la légende de Calamity Jane a été tissée de nombreux mensonges.

Mais ce qui est perdu en vérité historique est regagné dans une mise en contexte qui respecte les conventions de l’époque. Le film, un western à part entière, évoque avec justesse toutes les immenses difficultés que les colons doivent surmonter à la recherche d’une vie meilleure.

Ici, la direction artistique a pris une approche dépouillée qui accompagne – et non écrase – l’histoire. Bref, le contenant est au service du contenu. Et c’est beau avec des paysages grandioses, des couleurs chatoyantes et quelques jolis effets comme l’ombre des nuages décalquée sur le sol des plaines.

L’an dernier, Calamity a remporté le très convoité prix Cristal du meilleur film au Festival d’Annecy. Un autre gage de grande qualité.

Au cinéma Beaubien à compter de ce vendredi

AFFICHE FOURNIE PAR AXIA FILMS

Animation
Calamity
Rémi Chayé
Avec les voix de Salomé Boulven, Alexandra Lamy et Alexis Tomassian
1 h 22
★★★½