Un fertilisant utilisé pour rendre le gazon vert toute l’année se retrouve dans l’eau, transformant les habitants d’une île en mutants.

Difficile de révolutionner le film de zombies. Pour une œuvre novatrice comme Les affamés, il y en a cent autres qui recyclent paresseusement le schéma créé par George A. Romero dans Night of the Living Dead il y a plus d’un demi-siècle.

Brain Freeze n’a pas tant la prétention de bouleverser les conventions que de s’en servir avec efficacité, fusionnant les genres au passage. Il ne s’agit pas seulement d’une comédie avec des morts-vivants, mais également d’un récit d’apprentissage d’un adolescent (Iani Bédard) qui doit apprendre à vivre dans un monde menaçant et de son duo mal assorti avec un survivaliste (Roy Dupuis).

Le tout baignant dans une multitude de thèmes sociaux et environnementaux, au détour d’un regard sombre sur la condition humaine. Le spectateur peut ainsi utiliser le réceptacle vide du zombie pour y inscrire ses propres peurs, faisant écho à la pandémie, à la division de la population et à l’asservissement des êtres par le capitalisme sauvage.

Trop vaste mandat ? Sans doute, oui. Surtout que le dosage n’est pas parfait, créant quelques ruptures de ton. Ce qui aurait pu être si grinçant et profond perd peu à peu de son mordant dans sa façon de recourir à la satire facile. Le scénario de Julien Knafo et Jean Barbe abuse des cibles évidentes — bourgeoisie pédante, radio-poubelle, gouvernement Legault — en privilégiant les stéréotypes éculés.

Humour noir irrésistible

Les situations chargées se révèlent toutefois bercées d’un humour noir souvent irrésistible. Chien, chat et bébé sont des moteurs sans fin de gags, tout comme la distribution de choix qui comprend Anne-Élisabeth Bossé, Stéphane Crête et Simon-Olivier Fecteau. Évidemment, il n’y a personne de mieux que Roy Dupuis pour remettre un mort-vivant à sa place. Mais entre la « main » de Marianne Fortier et la présence inquiétante de Mylène Mackay qui rappelle que l’ombre de David Cronenberg n’est jamais bien loin, il y a suffisamment d’éléments pour maintenir l’intérêt.

Photographié avec soin, le récit se démarque également par la réalisation de Julien Knafo (Lucidité passagère). Sa mise en scène pourrait paraître clinquante et trop stylisée. Elle arrive toutefois à apporter un supplément d’âme et de personnalité à la production, notamment dans sa façon d’utiliser le montage parallèle au cours de la laborieuse première partie.

Débarquant sur les écrans de cinéma pour l’Halloween, Brain Freeze sera une expérience à vivre en groupe, au sein d’une salle complice. Qui sait, peut-être qu’un jour, ce divertissement deviendra culte.

En salle.

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Brain Freeze

Comédie d’épouvante

Brain Freeze

Julien Knafo

Avec Roy Dupuis, Iani Bédard, Marianne Fortier

1 h 33

6/10