Un an après la mort de son père dans un accident en forêt, Éloi Cournoyer (Emmanuel Schwartz), un urbain à la confiance fragile, est invité à rejoindre les rangs d’un ordre mystique voué à la défense des intérêts de la chasse. Dès lors, sa vie s’enfonce dans un tourbillon où se côtoient réalisme, passages fantastiques et drogues dures.

La chasse mène à tout, il suffit d’en sortir.

Cette formulation, souvent employée pour parler des professions, sied parfaitement au personnage d’Éloi Cournoyer, personnage phare de ce drame de chasse mâtiné de mysticisme, d’hallucinations et de rituels chamaniques qui donneraient envie à plus d’un individu de prendre ses jambes à son cou.

C’est pas mal ce qu’a envie de faire ce grand garçon d’Éloi, qui a visiblement l’impression d’étouffer en pleine forêt dont la flore et la faune, y compris celle à deux pattes, constituent la métaphore de tout ce qui ne fonctionne pas dans sa vie.

Oui, c’est vrai, l’histoire est à l’occasion déroutante et peuplée de personnages qui se laissent difficilement découvrir en pleine lumière (après tout, on est dans le bois !). Mais qu’importe, l’ensemble est parfaitement réussi. Pour plusieurs raisons.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Emmanuel Schwartz dans La contemplation du mystère

D’abord, parce que le réalisateur a su distiller à même ce drame quelques passages permettant de désamorcer les situations les plus déstabilisantes. Et parce que l’interprétation que fait Emmanuel Schwartz répond parfaitement à la commande du scénario. Ce dernier passe de façon fluide d’une position quasiment christique, en ouverture du film, à celle d’homme traqué, bombardé de questionnements existentiels, cynique au bon moment et finalement illuminé.

Éloi est comme les quatre saisons et les animaux dans la forêt. Il change, se transforme, se métamorphose. Il fallait un homme de théâtre comme Schwartz pour porter sur ses épaules ce récit aux accents à la fois naturels et mythologiques.

On salue aussi l’ensemble du casting, excellent. Seul personnage féminin, Sarah-Jeanne Labrosse incarne une Diane archère d’une délicieuse ambiguïté.

Mais ce qui donne le plus envie d’applaudir est la recherche d’originalité. Déjà, les films de fiction québécois avec la chasse comme arène sont une rareté. Mais qu’on aborde le sujet en mélangeant allègrement les genres avec beaucoup de maîtrise est à saluer. Le résultat est frais et convaincant. Ça fait du bien de changer de décor !

Enfin, il y a dans ce film une ambiance très particulière, semblable à celle que nous avions personnellement ressentie en lisant le roman Le maître des illusions de Donna Tartt.

Alors, c’est parfois étrange. Mais c’est carrément jouissif.

En salle

La contemplation du mystère

DRAME

La contemplation du mystère

Albéric Aurtenèche

Avec Emmanuel Schwartz, Sarah-Jeanne Labrosse et Gilles Renaud

1 h 41

7/10

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