Ayant intégré un prestigieux programme de sport-études, une jeune skieuse de 15 ans, très douée pour la compétition et potentiellement appelée à atteindre les plus hauts niveaux, se retrouve sous l’emprise absolue de son entraîneur, lui-même un ex-champion.

Dans ce film habilement mis en scène, Charlène Favier a choisi de suivre sa protagoniste au plus près, en toutes circonstances. Lyz (Noée Abita) étant une skieuse de compétition, elle est même suivie par la caméra quand elle dévale les pentes à toute vitesse. Slalom est parsemé de scènes visuellement splendides, dont quelques-unes sont assez vertigineuses.

Mais ce long métrage, le premier que signe la réalisatrice, reste avant tout le portrait d’une jeune fille de 15 ans sur laquelle un homme plus âgé – son entraîneur – impose progressivement son emprise sur le plan psychologique et sexuel. Charlène Favier, qui s’est inspirée de ce qu’elle a elle-même vécu à l’adolescence pour écrire cette histoire, illustre ainsi un phénomène implacable qui, avons-nous encore appris récemment grâce au recours collectif de cinq athlètes contre Natation artistique Canada, est très répandu dans le monde sportif.

À la fois frontal et délicat, le récit relate d’abord le lien intime qui se noue entre une athlète d’élite et son entraîneur. Ce dernier, Fred (Jérémie Renier, toujours excellent), est un ancien champion qui projette maintenant ses fantasmes de victoires sur une gamine chez qui il décèle un grand potentiel. Au fil des jours, ce lien deviendra de plus en plus obsessif de part et d’autre – même les proches sont exclus – au point qu’il occupera tout l’espace dans la vie de l’un et de l’autre. Et aboutira sur l’irréparable.

Troublant et puissant, Slalom évoque les contradictions émotives propres à l’adolescence, placées ici dans un contexte particulier et malsain. La jeune Noée Abita, révélée grâce à Ava, de Léa Mysius, et vue aussi dans Genèse, de Philippe Lesage, offre une performance remarquable en se glissant dans la peau d’une jeune fille qui ne peut comprendre encore le tourment intérieur qu’elle ressent ni les sentiments ambigus qui en découlent. Là est d’ailleurs tout le drame.

Retenu dans la sélection officielle du Festival de Cannes l’an dernier, Slalom est présentement à l’affiche.

IMAGE FOURNIE PAR K-FILMS AMÉRIQUE

Affiche de Slalom

DRAME
Slalom
Charlène Favier
Avec Noée Abita, Jérémie Renier, Catherine Marchal
1 h 32
★★★½