Inspiré de l’histoire – réelle – d’un groupe qu’on a appelé les Cinq de Miami, Wasp Network (Le réseau cubain en version française) se situe dans la lignée de Carlos, une remarquable minisérie qu’a signée Olivier Assayas il y a 10 ans.

La matière est d’ailleurs riche au point que l’on se demande parfois si l’histoire que nous raconte cette fois le cinéaste français n’aurait pas pu être mieux développée sur le fil de quelques épisodes. Mettant en valeur une distribution de très haut calibre (il faut ajouter les noms d’Ana de Armas – Knives Out – et Wagner Moura – Narcos – à ceux des trois vedettes principales), ce thriller d’espionnage, parfois spectaculaire, nous ramène au cœur de la guerre froide entre Cuba et les États-Unis, au moment même où le bloc soviétique s’effondre.

Le récit, campé au début des années 1990, s’attarde ainsi à décrire le parcours de cinq espions cubains ayant infiltré en Floride un réseau de militants anticastristes américains d’origine cubaine, histoire de pouvoir alerter les autorités du pays en cas de menace. Surnommé le Wasp Network (d’où le titre du film en version originale, qu’on pourrait traduire par le « réseau Guêpe »), ce groupe composé d’une trentaine d’agents pourra ainsi, peut-être, éviter quelques attentats sur le sol cubain.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Édgar Ramírez est l’une des têtes d’affiche de Wasp Network, un film d’Olivier Assayas.

S’inspirant de passages de The Last Soldiers of the Cold War, un livre publié en 2011 par l’auteur brésilien Fernando Morais, et d’autres ouvrages, Olivier Assayas a écrit un scénario qui s’attarde plus particulièrement à l’un de ces agents, René Gonzalez. C’est d’ailleurs grâce à personnage qu’Édgar Ramírez, l’interprète de Carlos, a l’occasion de retrouver le cinéaste qui lui a donné son premier grand rôle sur le plan international. René fait partie de ces hommes dont la foi révolutionnaire prend le pas sur tous les autres aspects de sa vie.

Exerçant le métier de pilote d’avion, cet homme de conviction s’envole un jour en mission vers les États-Unis, laissant derrière lui une femme qu’il aime (Penélope Cruz), qui ne savait rien des plans d’exil de son mari, ainsi qu’une fillette adorée, qu’il ne reverra que sept ans plus tard. Entre le départ et les retrouvailles, beaucoup d’intrigues, beaucoup de personnages dont on ne sait trop à quelle enseigne ils logent, et aussi des trahisons, forcément.

Le sens du romanesque

Olivier Assayas, qui avait exploré une veine plus cérébrale dans ses trois derniers longs métrages (Sils Maria, Personal Shopper et Doubles vies), retrouve ici son sens du romanesque. Wasp Network étant l’un des rares films étrangers ayant pu être tournés à Cuba, le cinéaste en profite aussi pour « faire » du cinéma, dans la mesure où certains plans sont d’une beauté somptueuse.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Affiche du film Wasp Network

Dans ce film majoritairement tourné en langue espagnole, Édgar Ramírez trouve l’un de ses plus beaux rôles. Penélope Cruz, même à distance, est une partenaire de jeu remarquable, d’autant que ces deux personnages incarnent à eux seuls la part la plus émouvante de cette histoire. Dans le rôle de Gerardo Hernandez, confrère de René, Gael García Bernal tire aussi bien son épingle du jeu, mais son personnage aurait mérité d’être développé davantage. À vrai dire, il se dégage de l’ensemble l’impression qu’Assayas s’est senti obligé de comprimer en deux heures un récit très touffu.

Lancé l’an dernier à la Mostra de Venise, où il était en lice pour le Lion d’or, Wasp Network (Le réseau cubain en version française) est maintenant offert sur Netflix.

★★★½

Drame. Wasp Network, d’Olivier Assayas. Avec Édgar Ramírez, Penélope Cruz, Gael García Bernal. 2 h 03