C’est l’histoire d’une mère qui ne voulait pas d’enfant. Et d’un fils, devenu grand, par ailleurs cinéaste, parti sur sa trace. Mi-documentaire, mi-fiction, ce film en noir et blanc retrace ce qui a peut-être été le parcours de cette femme, célibataire, à la fin des années 50. Ou pas.

Primé lors des dernières Rencontres internationales du documentaire de Montréal, et de la sélection officielle au Festival international du film de Rotterdam, ce film, plus proche de l’œuvre d’art, est difficilement classable : mi-poétique, mi-historique, franchement esthétique, il retrace la quête du réalisateur, Claude Demers, abandonné à la naissance, à la fin des années 50. Qui était sa mère, que vivait-elle, comment, pourquoi ? « J’ai perdu ta trace, maman, qui es-tu ? »

Car c’est précisément le cinéaste qui fait ici la narration, au « tu » donc (dans un film par ailleurs en noir et blanc, sans le moindre dialogue, sur fond de musique mélancolique, signée Serge Nakauchi Pelletier, ce qui vous donne une idée du ton), donnant une touche d’autant plus intime à un scénario déjà franchement personnel.

IMAGE FOURNIE PAR K-FILMS AMÉRIQUE

Une femme, ma mère, de Claude Demers

N’empêche. Malgré tout, l’œuvre n’en est pas moins historique. Car le film, et c’est ce qui fait ici toute son originalité, est construit à base d’images d’archives, sorte de cadavre exquis d’extraits de fictions de l’époque (peut-être reconnaîtrez-vous Monique Mercure ou encore Geneviève Bujold, autant de visages de femmes pour illustrer la mère, cette figure inconnue), auxquels ont été ajoutées quelques scènes tournées pour les besoins de la cause. Mentionnons en prime quelques clins d’œil, ici aux Quatre cents coups de Truffaut, là au de Fellini.

Résultat ? Pendant 75 minutes, il ne se passe presque rien. Ou du moins pas grand-chose. En même temps, il se passe tout : on suit le parcours du cinéaste, sa quête identitaire, ses questionnements. Vrai : c’est lent. Peut-être même trop. C’est presque hors du temps. À une époque où tout va si vite, cette lenteur détonne. Mais elle fait peut-être aussi le plus grand bien.

★★★½

Une femme, ma mère. Un documentaire de fiction de Claude Demers. 75 minutes.