La première superhéroïne de Marvel est (enfin) arrivée au grand écran, 10 ans après le premier film de la franchise, qui en est à son 21e. En une décennie, il y a eu des temps forts et quelques moins bons coups. Avec Captain Marvel, ceux qui ont mené les Avengers dans les salles de cinéma sont tombés en plein milieu : ce n'est ni un excellent film ni un échec.

Il s'agit plutôt, d'abord, d'un passage obligé pour que se tienne la trame narrative des différents opus de la saga. Constitué de scènes captivantes, mais aussi de quelques autres qui font grincer des dents, Captain Marvel est somme toute plaisant, mais ne transcende rien.

Avant d'être Captain Marvel, la superhéroïne est Vers (Brie Larson), une femme vivant sur la planète des Kree, un monde où la technologie est très avancée et qui est dirigé par une intelligence artificielle toute-puissante. Vers n'a pas de souvenir plus vieux que six ans. Elle s'entraîne avec son mentor Yon-Rogg (Jude Law) à contrôler un mystérieux pouvoir qui lui permet de faire jaillir du feu de ses mains.

Lors d'une mission qui tourne mal, elle débarque sur Terre et rencontre Nick Fury, agent du SHIELD (Samuel L. Jackson). On est alors au milieu des années 90. Vers apprendra que tout n'est pas comme il y paraît dans la guerre qui oppose les Kree à un autre peuple extraterrestre, les Skrulls.

Surtout, en ravivant ses souvenirs et en découvrant qui elle est vraiment, Vers deviendra Carole Danvers, qui deviendra elle-même Captain Marvel.

Une pièce de puzzle

Comme un jet d'huile à 150 millions dans l'engrenage, le film présenté en salle dès aujourd'hui assure la fluidité de l'intrigue et la liaison entre la dernière production Avengers, Infinity War, et celle à venir cette année, The End Game.

On en perd l'occasion de s'immerger franchement dans la vie de Carole Danvers. La porte semble toutefois ouverte à une suite, qui comblera le besoin laissé inassouvi de découvrir le personnage.

Brie Larson, que l'on sait une remarquable actrice, n'est pas la plus convaincante des superhéroïnes, mais elle remplit assez bien son rôle.

Il est par ailleurs plaisant de retrouver un jeune Samuel L. Jackson (à la Pulp Fiction), qui a eu droit à une cure de jouvence numérique pour plus de crédibilité.

L'humour des films de Marvel se manifeste tout au long, sans en faire trop, à travers les répliques des personnages ou les différents clins d'oeil aux années 90.

À trop vouloir bien faire...

En ayant pour la première fois une femme dans le rôle du protagoniste d'une de leurs productions, les studios Marvel semblent avoir voulu faire ce qu'on attendait d'eux, en insérant aux « bons moments » des clichés voulant traduire une intention féministe, mais qui, finalement, laissent une impression de maladresse. Comme si, plutôt que de créer tout naturellement un personnage féminin fort, l'équipe d'auteurs avait coché les cases de la liste de scènes et de répliques d'une recette un peu ratée de la bonne superproduction féministe.

Certaines séquences sont lourdes d'avoir trop voulu transpirer l'émancipation.

Il n'y a pas d'histoire d'amour dans Captain Marvel, mais plutôt une forte amitié avec une autre femme, qui donnera d'ailleurs à l'héroïne un coup de main pour accomplir son destin. Le couple de réalisateurs Anna Boden et Ryan Fleck a visé dans le mille ici.

Captain Marvel acquiert sa force, mentale et physique, au fil de l'intrigue, et il est fort intéressant de la voir aller. Les dernières scènes de combat (ou plutôt de destruction) frôlent la démesure, mais nous annoncent l'ampleur des pouvoirs de Captain Marvel et, ainsi, la perspective d'une intervention salvatrice dans le prochain Avengers. Une femme à la rescousse des superhéros les plus puissants ? Voilà qui démolirait irrévocablement le super-plafond de verre.

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AVENTURES FANTASTIQUES. Captain Marvel, de Ryan Fleck et Anna Boden. Avec Brie Larson, Samuel L. Jackson et Jude Law. 2 h 04