Hier soir a eu lieu la grande première montréalaise - et seule projection prévue pour l'instant dans la métropole québécoise - de Mon ami Walid, un film des humoristes Julien Lacroix et Adib Alkhalidey, ce dernier assurant aussi la réalisation.

À l'heure où la comédie québécoise au cinéma se cherche et a même du mal à atteindre le niveau qu'atteignent les comédies télévisées, voilà que ces deux lascars s'amènent avec un film produit avec un micro-budget de 150 000 $, dont 80 000 $ ont été amassés grâce à un financement participatif auquel ont participé 753 personnes, toutes nommées au générique d'ouverture.

Malgré ces modestes moyens, et un plan de tournage de 10 jours, Lacroix et Alkhalidey sont pourtant parvenus à concocter des scènes carrément désopilantes en poussant des situations somme toute banales vers des niveaux d'absurdité vertigineux.

Un électron libre

Le point de départ? Une nouvelle histoire d'amitié dépareillée. Quand Antonin (Lacroix), un jeune homme qui en fait toujours trop, débarque dans la vie de Walid (Alkhalidey), ce dernier vient de faire une tentative de suicide. La quiétude que Walid recherche ensuite après ce drame sera évidemment fortement perturbée par la présence de cet électron libre qui, lui aussi, est aux prises avec, disons, certains bouleversements intérieurs. Et il prend beaucoup de place. Vraiment beaucoup.

Qu'il s'agisse d'une simple visite à l'épicerie ou d'une séance de thérapie au sein d'un groupe de soutien ayant lieu dans un local d'une mosquée, chaque situation est digne d'un humour décapant où les répliques cinglantes - et parfois vulgaires - atteignent leur cible. Signalons à cet égard la participation de plusieurs acteurs invités, qui, la plupart, ont droit à leur moment.

Christian Bégin est hilarant dans le rôle du gourou qui dirige une séance qui dérape, Guy Jodoin l'est tout autant en campant le gérant de l'épicerie.

Sophie Cadieux, Dominic Paquet, Debbie Lynch-White, pour ne nommer qu'eux, ont aussi l'occasion de s'illustrer.

La vraie surprise

Mais la vraie surprise de Mon ami Walid se situe ailleurs. Sans l'annoncer, le tandem a en effet concocté un dernier acte étonnamment poignant en plaçant Antonin dans un cadre qui n'est pas sans évoquer celui de Vol au-dessus d'un nid de coucou. Et Lacroix de lâcher alors tout ce qu'il a.

À l'arrivée, on célèbre ici la notion du « trop », avec des personnages hors normes dont les trop-pleins font en sorte qu'aucune case ne peut leur convenir. Ne parle-t-on pas d'ailleurs d'un chemin qui ne mène nulle part lors d'une (belle) scène avec Karina Aktouf?

Des représentations spéciales

Tributaire d'un mode de distribution atypique, Mon ami Walid fera l'objet d'une dizaine de représentations spéciales un peu partout en province au cours des prochaines semaines. Adib Alkhalidey, dont le court métrage Va jouer dehors s'était fait avantageusement remarquer, a cependant indiqué hier soir sa volonté de voir son long métrage bénéficier d'une sortie en salle en bonne et due forme. On le lui souhaite.