Homme taciturne et perturbé, Luo Hongwu (Jue Huang) revient dans sa ville natale de Kaili, dans la province chinoise du Guizhou, après 20 ans d’absence. Son but : retrouver la mystérieuse Wan Qiwen (Wei Tang) et renouer avec cette femme à la double personnalité qu’il a profondément aimée.

Au moment de sa présentation en Chine, ce film a été qualifié de comédie romantique, une façon d’attirer les gens au cinéma. Effectivement, il a battu des records d’assistance, mais aussi de mécontentement, car les gens se sont plutôt heurtés à un mélange de film noir et de périple hallucinogène pas toujours facile à suivre, nous en conviendrons.

Cette précision étant faite, il reste que ce film hypnotique et fortement destiné à être vu sur grand écran nous arrive d’un jeune réalisateur de 30 ans qui a du souffle.

Le titre annonce déjà que l’histoire va essentiellement se passer la nuit. Ce qui nous plonge dans des décors, des éclairages, des atmosphères nous rappelant ceux de la petite criminalité. Pour ajouter à l’ambiance, le décor est texturé, industriel, farci de couloirs, de corridors et de néons qui grésillent. On est loin de la Chine hyper léchée de l’ancienne Sinorama.

IMAGE FOURNIE PAR ACÉPHALE

Un grand voyage vers la nuit, de Bi Gan

La caméra bouge lentement. Elle glisse, s’incruste, caresse. Les plans sont étudiés. Le commentaire hors champ de Luo Hongwu n’est jamais appuyé.

En sa compagnie, on cherchera notre chemin. Et parfois nos repères. Et pourquoi pas ? S’abandonner peut être si euphorisant !

On dit parfois que le chemin parcouru est plus important que la destination finale. C’est exactement le cas avec ce grand voyage.

★★★½

> Consultez l’horaire du film : https://ouvoir.ca/2018/diqiu-zuihou-de-yewan