Depuis plusieurs années, le Mexique est miné par une vague de meurtres, d’enlèvements et de disparitions de milliers de femmes, journalistes, étudiants, migrants et voyageurs. L’auteur Sergio Gonzalez Rodriguez en a fait un roman, Des os dans le désert. Soleils noirs, du Québécois Julien Elie, en est la douloureuse adaptation documentaire.

C’est un documentaire. Mais c’est aussi un film d’horreur. Dans toute sa réalité. Dans tout son quotidien teinté de disparitions, de tortures, de meurtres et de silences.

Tout a commencé en 1993 à Ciudad Juárez avec des féminicides en série. La folie s’est répandue dans plusieurs régions du Mexique. Le plus souvent reliée aux activités des cartels. Et avec un degré d’atrocité inversement proportionnel au taux de résolution des crimes.

Et puis, un jour, des proches et militants courageux ont commencé à parler. Soit pour manifester leur douleur, soit pour dénoncer les dirigeants, soit pour parler des fosses, ces cimetières anonymes dispersés dans les collines et les régions rurales. 

En mettant leurs pas dans ceux qui avaient courageusement levé la voix ou fait des gestes, Julien Elie et sa petite équipe ont tourné sur le terrain un film qui vous arrachera le cœur, mais qui est d’une nécessité infinie.

IMAGE FOURNIE PAR FUNFILM DISTRIBUTION

Soleils noirs, de Julien Elie

Le plus étrange là-dedans est que ce film, volontairement ou non, fait des clins d’œil à Roma d’Alsonso Cuaron. Dans le choix du noir et blanc, dans ses cadrages de feu, dans ces images magnifiques et hors du temps, dans ces avions solitaires qui traversent le ciel. 

Le contraste entre les deux films est inouï. Mais le pays est pourtant le même.

Le plus douloureux là-dedans est cette espèce de résignation, les âmes éteintes de ceux qui restent. C’est peut-être leur seule arme pour ne pas sombrer dans la folie.

Soyez avertis : on ne revient pas indemne de Soleils noirs.

★★★★

Soleils noirs. Documentaire de Julien Elie. 2 h 34.

> Consultez l’horaire du film : https://ouvoir.ca/2019/soleils-noirs