Après avoir grimpé pratiquement tous les échelons d’une entreprise de fret maritime, Franck Blanchet, un homme dont l’échelle des valeurs s’appuie sur le travail, prend une décision qui risque de faire éclater toute sa vie. Perdu sur une mer d’incertitudes, il n’a que sa fille Mathilde pour seul phare.

Ceux qui travaillent est un film sur le capitalisme sauvage dans ce qu’il a de plus cru.

Certes, on n’y verra pas de scènes de violence. Le côté cru de la chose passe ici par la psychologie des personnages. Dans leur froideur. Dans leur calcul. Et, dans une certaine mesure, dans leur absence de rapports au reste du monde.

Ainsi va Franck Blanchet (Olivier Gourmet), personnage central de l’histoire. Ordonné, bien mis, sérieux. Sourit peu. Préoccupé. Débordé. Sur ses gardes.

Et d’une éthique douteuse, voire au bord de l’abîme. Tout en allant chercher sa fille Mathilde à l’école, parce qu’elle a mal au ventre, il lui commande de boucler sa ceinture (question de sécurité), alors qu’il vient d’ordonner au capitaine de l’un des navires à sa charge de commettre un acte inhumain.

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Ceux qui travaillent, d’Antoine Russbach

Il fallait sans doute tout le talent de ce grand acteur qu’est Olivier Gourmet pour incarner ce personnage qui, en dépit de ce qu’il a commis, attire plus notre compassion que notre colère. Cela est peut-être attribuable à la réplique que lui donne Adèle Bochatay dans le rôle de la lumineuse Mathilde.

Derrière l’histoire, Antoine Russbach explore avec finesse un sujet riche qui mériterait d’être davantage fouillé au cinéma. Le montage est serré, de sorte que le film passe sans aucun temps mort. Légèrement clinique, la direction photo est collée sur le quotidien, ce qui convient parfaitement au propos.

★★★½

Ceux qui travaillent. Drame d’Antoine Russbach. Avec Olivier Gourmet, Adèle Bochatay et Delphine Bibet. 1 h 40.

> Consultez l’horaire du film : https://ouvoir.ca/2018/ceux-qui-travaillent