Le bonheur existe à l'échelle humaine, loin de nos vies pixellisées. C'est l'impression qui nous envahit en regardant le documentaire de Pascale Ferland consacré à Pauline Julien. La voir marcher et chanter en souriant sur un pont de Paris, avec des enfants qui lui jettent des regards curieux, nous ramène à l'échelle humaine. Comme le font aussi ces images furtives d'un chat et d'un oiseau en cage, ces photos de famille, ce cahier où elle griffonne quelques idées.

La cinéaste a su saisir ce côté entier, enjoué et lumineux de la chanteuse. Tout comme elle a su évoquer, sans verser dans le mélo, les quatre dernières années, beaucoup plus tristes, de sa vie. Marquée par la mort de Gérald Godin et par l'aphasie dégénérative qui l'a frappée, la chanteuse a finalement mis fin à ses jours.

On nous propose une Pauline Julien intime et politique. C'est vrai. Intime, on la retrouvera dans sa cuisine, dans son salon en train de répéter, dans les photos de famille, dans ces extraits de lettres échangées avec Gérald Godin, l'amoureux avec qui elle a partagé 30 ans de sa vie. Politique, le film l'est davantage. L'engagement politique, souverainiste, passionnément lié à la défense du français, en est le coeur. Personne ne sera surpris de voir la vie de Pauline Julien mise en parallèle avec les faits saillants de la montée du nationalisme au Québec. C'est ici que le documentaire est un peu moins intéressant. Ces images, nous les avons vues 1000 fois. On préfère de loin celles entourant la vie et la carrière de la chanteuse, une vraie découverte.

Un seul individu, Alan Glass, artiste et ami de la chanteuse, témoigne à la caméra, en quelques courtes apparitions. Et c'est parfait ainsi ! Non seulement Pascale Ferland n'est pas tombée dans l'hagiographie, mais elle donne à Pauline Julien tout l'espace pour s'exprimer. C'est le plus bel hommage qu'on peut faire à une femme de paroles.

Pauline Julien, intime et politique. Documentaire de Pascale Ferland. Avec Alan Glass. 1 h 17.

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Photo fournie par l’ONF

Affiche du film