Elle fait peur, la scène d'ouverture de Nancy Drew d'Andrew Fleming! On espère que l'héroïne est en train de rêver... parce que les spectatrices (n'y allons pas par quatre chemins, c'est à «elles» que le film s'adresse), elles, vivent un cauchemar.

Si elles sont en âge d'avoir lu les romans de Carolyn Keene, elles reconnaissent le ton et la manière. Qui plaisaient dans le (bon vieux) temps mais qui ont terriblement mal vieillis (le ton et la manière, pas les spectatrices!).

En fait, cette introduction s'avère un clin d'oil aux bouquins que les petites francophones d'hier ont connu dans la Bibliothèque verte où Nancy Drew avait été rebaptisée Alice Roy. Un réajustement se fait très rapidement en direction d'un (pseudo) réalisme qui dégage quand même, force est de l'admettre, un charme un peu suranné. Ce n'est pas déplaisant.

Incarnée par la pétillante et attachante Emma Roberts (fille d'Eric et nièce de Julia), qui est le principal atout du long métrage, Nancy quitte River Height pour suivre son avocat de père (Tate Donovan) à Los Angeles, à l'occasion d'un long voyage d'affaires. Ils s'entendent: elle laisse derrière elle ses activités de détective.

Enfin, papa croit qu'ils s'entendent. Sa fille voit les choses autrement. Elle s'est arrangée pour qu'ils louent une villa abandonnée où une actrice célèbre est morte il y a 25 ans, après avoir disparu pendant cinq mois. Et Nancy est fermement décidée à éclaircir ce mystère. Elle découvrira que la star a eu une enfant (Rachel Leigh Cook) à qui elle a légué une fortune. Ne reste qu'à prouver la maternité et à trouver le testament...

Tout en menant l'enquête - prétexte, entre autres, à d'amusantes allusions à quelques classiques, de Chinatown à Sunset Boulevard - l'adolescente doit s'intégrer à sa nouvelle école secondaire. Car Nancy Drew, qui a eu 18 ans pendant des décennies, en a ici à peine 16, le high school offrant un meilleur potentiel «dramatique» étant donné le public visé, celui qui fréquente la chaîne Nickelodeon où Emma Roberts est en vedette dans la série Unfabulous.

Autre changement - et ceci explique cela: elle a été téléportée dans notre époque mais a conservé son look années 50 - bandeau dans les cheveux, jupes sages portées avec pull assorti posé sur les épaules, chaussettes montant jusqu'aux genoux, souliers plats. Beau travail de Jeffrey Kurland qui a habillé tatie Julia dans Ocean's Eleven et Erin Brockovich.

Reste qu'une telle allure fait aussitôt de Nancy, souriante et brillante en plus, une candidate potentielle au statut de reject. Elle passera par-dessus avec sérénité - grâce à la complicité de l'obèse Corky (Josh Flitter, aussi agaçant qu'on l'imagine) et malgré les machinations des deux poupées de service (Daniella Monet et Kelly Vitz).

Classique? Comme une des tenues de Nancy Drew. Faut pas s'attendre à plus. Ni à moins.

Nancy DrewComédie policière d'Andrew Fleming. Avec Emma Roberts, Josh Flitter, Rachel Leight Cook, Tate Donovan.

Nancy Drew s'installe à Los Angeles mais ne tourne pas le dos à sa vocation de détective! Elle est décidée à éclaircir la mort suspecte d'une célèbre actrice, survenue 25 ans plus tôt.

Le film ne s'adresse pas aux fans des romans de Carolyn Keene - qui sont mères et grands-mères - mais aux toutes jeunes filles d'aujourd'hui qui aiment les histoires policières gentiment convenues. Y a pas de mal à ça.

***