Un film de hockey sans aucune scène de hockey. Loin des lancers frappés et des mises en échec, Stéphane Thibault et Isabelle Lavigne ont fait le pari — relevé haut la main — de dévoiler la face cachée du hockey junior majeur, celle qui se déroule dans le vestiaire, les salles de réunion, au resto, à l’hôtel.

Junior ne cherche pas embellir ou noircir la réalité. On la montre cette réalité, tout simplement, en suivant quelques joueurs de l’édition 2005-2006 du Drakkar de Baie-Comeau, depuis l’ouverture du match local jusqu’à la séance de repêchage de la LNH, à Vancouver.

Benjamin Breault, repêché par Buffalo en septième ronde, sera l’un d’eux. Auparavant, le spectateur aura pu suivre sa saison, vivre ses hauts et ses bas, entendre son agent et son entourage vivre au rythme de ses exploits et lui prodiguer mille et un conseils.

La caméra s’attarde également à trois autres joueurs du Drakkar, Ryan Lehr, Ryan James Hand et Alex Lamontagne, qui ont maintenant quitté le monde du hockey, après une saison en dents de scie.

Junior est une sorte de hockey réalité. Aucune narration ni voix hors champ, tout ce qui se dit sort de la bouche de ceux qui vivent les événements. Parfois de façon crue. Comme dans la vraie vie. Lorsqu’un joueur revient au vestiaire avec une blessure, on a mal pour lui. Lorsqu’il apprend qu’il est échangé, on compatit avec lui.

L’entraîneur du Drakkar, Éric Dubois, occupe une place prépondérante dans le documentaire. D’une rencontre privée avec un joueur qui en arrache, à un petit déjeuner dans un Tim Horton pour discuter d’échanges avec ses associés, en passant par les discours de motivation dans le vestiaire, il est l’axe du film, le père spirituel de ses 25 joueurs.

Junior a surtout le mérite de démontrer que le hockey junior majeur est devenu une business, surtout pour les meilleurs espoirs qui sont prêts à bien des sacrifices pour faire carrière chez les pros. Or, à ce jeu, ils sont nombreux à lancer, mais bien peu à compter.