«Nous avons échangé quelques courriels privés.» Et privés ils resteront, sous-entend Benedict Cumberbatch... en n'entrant pas dans les détails de la correspondance électronique qu'il a eue avec Julian Assange. Ce dernier a en effet tenté de dissuader l'acteur britannique de l'incarner dans The Fifth Estate. «J'ai voulu lui expliquer les raisons pour lesquelles je tenais à ce projet... et c'est là que la communication s'est terminée.»

L'acteur dit avoir été sensible au fait que le fondateur de WikiLeaks se sente «aussi passionnément interpellé» par le futur film. «J'ai tenté de le convaincre que le résultat ne serait pas aussi mauvais que ce qu'il avait imaginé à partir du scénario qu'il avait lu - et qui était une très vieille version, obtenue grâce à une fuite.»

Il a été clair très rapidement que Julian Assange ne collaborerait pas au long métrage, indique pour sa part le réalisateur Bill Condon. «Mais je me disais qu'il changerait peut-être d'avis quand nous aurions trouvé notre acteur principal. Une fois Benedict recruté, nous avons fait d'autres démarches auprès de lui, mais nous avons essuyé une autre rebuffade.»

Un acteur omniprésent

Benedict Cumberbatch, dont c'est vraiment l'année au grand écran - il vient de le quitter avec Star Trek Into Darkness, il l'occupera bientôt avec The Fifth Estate et 12 Years a Slave; et il le reprendra d'assaut dans le temps des Fêtes avec August: Osage County et The Hobbit: The Desolation of Smaug, où il prête sa voix au dragon du titre -, s'est donc attelé à la tâche sans la bénédiction d'Assange.

Pour ressembler au personnage, il a dû porter des verres de contact afin que son regard aigue-marine prenne la teinte bleu profond de celui de Julian Assange. Et, bien sûr, une chevelure d'un blanc neigeux. Le résultat, il l'admet, est «parfois un peu étrange et inquiétant». «Surtout quand je porte certaines perruques, parce que mes traits sont plus anguleux que ceux de Julian.»

Mais l'aspect physique n'était qu'une partie de ce sur quoi il avait à travailler. Donner une tridimensionnalité à Julian Assange, lui rendre justice demeurait l'essentiel. «Je voulais présenter le côté humain d'un homme à la tête d'une révolution médiatique extraordinaire, dont les idées formidables ont suscité la controverse, et éviter de m'enfoncer dans la diffamation - ce qui aurait pu être facile à faire parce que les gens aiment les gros titres.»

Et puis, il devait garder en tête qu'il faisait un film. Un film offrant plusieurs points de vue - «pas seulement celui de Julian» - sur une page d'histoire récente. «D'après moi, le message central du film est qu'il n'existe pas de vérité purement objective. La vérité sera toujours un peu... personnelle.»