Barbra Streisand n'avait pas tenu un premier rôle au cinéma depuis près de 20 ans. Les artisans de The Guilt Trip ont dû travailler fort pour la convaincre de jouer dans leur comédie. L'icône a fini par céder. Et a vite retrouvé ses marques.

Quand on jette un coup d'oeil sur la filmographie de Barbra Streisand, il faut pratiquement remonter à 1987 pour trouver un long métrage dont elle tient le premier rôle sans se diriger elle-même. Depuis Nuts, de Martin Ritt, la Funny Girl s'est faite rare au cinéma. À part les deux films dont elle signe la réalisation (The Prince of Tides en 1991 et The Mirror Has Two Faces en 1996), l'icône n'a été vue que dans les comédies des Fockers.

«À vrai dire, je préfère me laisser désirer, a déclaré l'icône plus tôt cette semaine au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles, en marge de la sortie de The Guilt Trip, mercredi. J'aime mieux travailler de façon privée, c'est-à-dire enregistrer en studio ou m'adonner à la réalisation. J'ai également d'autres centres d'intérêt. Je ne déteste pas rester à la maison non plus. Et puis, ce n'est pas comme si je recevais encore des tonnes de scénarios intéressants. On croit souvent que je croule sous les propositions, mais ce n'est plus le cas!»

Oui, mais...

Même quand un scénario intéressant lui passe sous les yeux, la partie n'est pas gagnée pour autant. La réalisatrice Anne Fletcher (The Proposition) a dû insister auprès de la star pendant plus d'un an avant d'obtenir finalement son accord.

«Et Dieu sait que je ne lui ai pas rendu la vie facile, la pauvre!, explique Mme Streisand. Il y avait toujours un "oui, mais". Par exemple, je voulais que le tournage ait lieu près de chez moi. Ils ont construit un plateau en conséquence. Comme je suis un oiseau de nuit, je ne voulais pas qu'on vienne me chercher avant 8h30 le matin. Ils ont organisé les horaires selon ma volonté. Vraiment, ils ont tout fait pour m'avoir! Et quand j'ai su qu'Anne renoncerait au film si je n'y étais pas, je me suis sentie un peu coupable. Je ne voulais pas qu'elle se retrouve sans travail à cause de moi!»

Le scénariste Dan Fogelman (Tangled, Crazy Stupid Love) s'est inspiré de sa propre expérience pour raconter un périple que vivent ensemble une mère et son fils. The Guilt Trip (Les chemins de la culpabilité en version française) repose avant tout sur des ressorts comiques, mais le récit explore néanmoins des thèmes qui ont séduit Barbra Streisand.

«Toutes les mères ressentent de la culpabilité envers leurs enfants - je n'y ai pas échappé - et les enfants la ressentent aussi, fait-elle remarquer. Je trouvais intéressantes les possibilités que ce point de départ nous donnait. Le fait que Dan ait été inspiré par sa relation avec sa mère donnait au scénario de beaux accents de vérité. Il y a quelque chose de très sincère là-dedans. Et puis, je me suis dit qu'il était temps que je me mette au défi. Pour tout dire, c'est mon fils Jason qui m'a convaincue d'accepter le rôle. Il trouvait le scénario formidable. Il est doté d'un très bon instinct.»

Un road movie mère-fils

La vedette de The Way We Were se glisse ainsi dans la peau d'une mère envahissante (c'est un euphémisme) qui, à la demande de son fils, prend la route avec lui pour traverser le continent en voiture jusqu'à San Francisco.

Joyce et son fils Andy passeront ainsi des jours entiers ensemble. D'inévitables accrochages surviendront. Inventeur d'un nouveau produit nettoyant naturel, Andy tente de trouver des acheteurs. Mais sa requête inattendue auprès de sa mère, qui accepte de l'accompagner pendant ce voyage d'affaires, cache évidemment autre chose...

«J'aime l'idée que ces deux personnages, très seuls au départ, doivent se rencontrer vraiment pour finalement sortir de leur coquille, explique l'actrice. Joyce avait besoin que sa vie trop rangée, trop prévisible, soit bouleversée de cette façon. Ça lui permet d'évoluer vers autre chose, une autre phase de sa vie. Ce film, c'est une grande histoire d'amour, en fait!»

«Et c'est parfaitement dégoûtant!», ajoute Seth Rogen, interprète du fils en question. Qui a pu très rapidement établir une belle complicité avec Barbra Streisand. Anne Fletcher tenait d'ailleurs à ce que le comédien, qu'on associe habituellement aux films de Judd Apatow (Knocked Up, Funny People), soit de la partie.

«Quand on m'a appris que le rôle de la mère serait offert à Barbra Streisand et à personne d'autre, je me suis dit que j'aurais le temps de tourner au moins deux autres films avant qu'ils parviennent à obtenir son accord!, dit Rogen. Vous savez, moi, j'étais bien ouvert à l'idée de travailler avec Shirley MacLaine aussi!»

The Guilt Trip (Les chemins de la culpabilité en version française) prend l'affiche le mercredi 19 décembre.

Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.