Dix ans après le tournage de La grande séduction, Roger Frappier produit une nouvelle version anglophone à Terre-Neuve. «C'est la même histoire mais pas le même film», dit-il. La Presse a visité le plateau.

À mi-chemin du tournage du film The Grand Seduction, le producteur Roger Frappier est déjà en mode «charme» pour le vendre dans le monde. Et rêve à voix haute que son film ouvre le Festival de Toronto (TIFF) en 2013.

«Dans mon coeur, c'est ce que je souhaite, a-t-il dit hier sur le plateau de tournage du film réalisé par Don McKellar. Les Canadiens anglais vont reconnaître leur langue, leur culture, une de leurs régions et plusieurs comédiens de Terre-Neuve.»

Le film est une nouvelle version de La grande séduction, réalisé par Jean-François Pouliot d'après un scénario de Ken Scott. Un village de pêcheurs sur le déclin doit attirer un médecin afin d'implanter une usine qui va sortir la population de sa dépendance économique. L'occasion se présente lorsque le docteur Paul Lewis a une dette envers avec un policier qui l'a surpris en possession de cocaïne. Pour le séduire, les habitants vont avoir recours à de nombreux subterfuges. Dont la célèbre partie de cricket!

«C'est la même histoire mais pas le même film, dit M. Frappier rencontré sur les berges du petit village de Old Bonaventure [population: 30 personnes] dans la baie Trinity, à trois heures de route au nord-ouest de St-John's. Il y a de petites variantes. Ainsi, le personnage de Barbara (joué par Rita Lafontaine dans la version originale) accepte le poste offert en ville. Le projet d'usine en sera un de transformation de produits pétroliers, en raison des forages au large des côtes de Terre-Neuve. Et le projet va diviser le village.»

Bien entendu, une autre variante est le nom du village. Sainte-Marie-la-Mauderne devient Tickle Head.

L'endroit est d'une beauté à couper le souffle. Niché dans une baie tranquille, le village est constitué de petites maisons de bois éparpillées sur des vallons que le brouillard enveloppe au petit matin. Ailleurs, la nature, sauvage et austère, est partout.

«Pour Sainte-Marie-la-Mauderne, nous avions tourné à un seul endroit, Harrington Harbour, rappelle Roger Frappier. Mais ici, nous tournons dans cinq villages de la région. Chacun apporte une partie au film. Ici, à Old Bonaventure, c'est pour le port. Dans un autre village, c'est pour les maisons. Et un autre encore a servi pour les scènes de cricket.»

L'équipe doit apprendre à vivre avec les sautes d'humeur du temps. «Ce matin, à 5 heures, il pleuvait à verse, dit M. Frappier. Et là [vers 11h], il fait beau. Mais les nuages reviennent vite. On ne sait jamais. Chose certaine, ça donne une très belle lumière.»

Le film mettra en vedette Brendan Gleeson (In Bruges) dans le rôle de Murray French (Raymond Bouchard), Gordon Pinsent dans celui de Simon (Pierre Collin), Taylor Kitsch dans celui du Dr Lewis (David Boutin) et Liane Balaban en Kathleen (Lucie Laurier).

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Les frais de ce reportage ont été payés par Alliance Vivafilms