Favoris de la 76e édition des Golden Globes, Roma et son réalisateur, le Mexicain Alfonso Cuarón, ont tous deux été récompensés, une première étape vers un potentiel Oscar fin février.

La soirée rassemblant le gratin d'Hollywood a également donné l'occasion à l'industrie du cinéma de promouvoir ses progrès vers une meilleure intégration des minorités.

Tourné en espagnol, et ne pouvant à ce titre pas concourir dans la catégorie phare de «film dramatique», Roma a obtenu le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère.

«Le cinéma, dans ce qu'il a de meilleur, bâtit des ponts entre les différentes cultures. Et tandis que nous franchissons ces ponts, nous devons prendre conscience que ces nouveaux visages ont beau paraître curieux, ils ne nous sont pas étrangers», a lancé Alfonso Cuarón.  

Chouchou de la critique, Alfonso Cuarón, oscarisé pour Gravity en 2014, a aussi été sacré «meilleur réalisateur», face à des concurrents de poids comme Spike Lee (BlacKkKlansman) ou Bradley Cooper pour A Star Is Born, l'autre grand favori de la soirée.

Le cinéaste de 57 ans signe avec Roma un film très personnel, presque autobiographique, inspiré par son enfance à Mexico et une domestique employée par sa famille. Et il a d'ailleurs remercié la plateforme Netflix, qui l'a produit, pour «avoir propulsé ce film des plus improbables sur le devant de la scène». Un film Netflix pourrait-il être primé aux Oscars ?

Pronostics délicats

Les pronostics aux Golden Globes sont délicats car, contrairement aux Oscars ou à d'autres compétitions, ce ne sont pas les professionnels du cinéma qui votent mais la petite centaine de membres de l'Association de la presse étrangère de Hollywood (HFPA).

D'autant que les Golden Globes dédoublent les principales catégories (meilleur film, meilleur acteur ou actrice) en «drame» et «comédie».

Sélectionnée dans la catégorie «meilleure actrice dramatique» pour A Star Is Born, Lady Gaga a déjà reçu en début de soirée un Golden Globe pour la «meilleure chanson», son tube Shallow interprété avec Bradley Cooper dans le film.

Côté comédie, c'est sans surprise Christian Bale qui a été sacré «meilleur acteur» pour son rôle de vice-président Dick Cheney dans Vice, portrait au vitriol du vice-président américain et de son ascension au pouvoir réalisé par Adam McKay.

Acteur noirs primés

Deux acteurs afro-américains ont été récompensés dans la catégorie des seconds rôles, Regina King pour If Beale Street Could Talk, et Mahershala Ali pour Green Book. Les deux films ont pour toile de fond le racisme et la discrimination aux États-Unis, le premier dans le Harlem des années 1970, le second dans le Sud profond en 1962.

Quant à la dernière production Marvel, Spider-Man: Into the Spider-Verse, qui met en scène un nouvel homme araignée à la fois noir et latino, elle a remporté le prix du «meilleur film d'animation» face à son principal concurrent, The Incredibles 2.

Mais les Golden Globes récompensent aussi les oeuvres de télévision, de plus en plus prisées des spectateurs et donc de plus en plus rentables et créatives.

Le vétéran Michael Douglas a ainsi été fait «meilleur acteur» pour son rôle dans la série Netflix The Kominsky Method.  

The Americans a empoché le prix de la meilleure série télévisée dramatique, tandis que Richard Madden (Robb Stark dans Games of Thrones) a reçu le Golden Globe du meilleur acteur dans cette catégorie, pour son rôle dans Bodyguard.

La soirée est présentée par le duo de comédiens Andy Samberg et Sandra Oh. Ironie du sort, l'actrice a été récompensée par un Golden Globe pour son rôle d'agent pas si secret dans la série Killing Eve.

Elle avait auparavant pris brièvement un ton grave pour évoquer une «période de changement», en référence aux mouvements #metoo et Time's Up, contre le harcèlement sexuel et la discrimination.

L'an dernier, la cérémonie avait été placée sous le signe du noir austère par les célébrités, soucieuses de concentrer l'attention des médias sur ces mouvements.

Les couleurs étaient de retour cette année sur le tapis rouge, mais beaucoup d'invités portaient au poignet un ruban noir ou blanc, avec l'inscription Time's Up.

 «Je ne me fais pas d'illusion, l'année prochaine pourrait être différente», a dit Sandra Oh.

Même si Vice est arrivé en tête le mois dernier avec six nominations, la plupart des experts de Hollywood pariaient A Star Is Born et son duo d'acteurs, Lady Gaga et Bradley Cooper.  

Les précédentes versions (1954 et 1976) de ce film datant initialement de 1937 ont reçu plusieurs Golden Globes et les critiques estiment que celle-ci ne dérogera pas à la règle. Ils n'excluent toutefois pas «une grosse surprise» venant de Black Panther ou de BlacKkKlansman.

Certains experts ont déploré la sélection de films très (trop ?) grand public, comme Black Panther (1,35 milliard de dollars de recettes en 2018) ou Crazy Rich Asians, au détriment d'autres jugés supérieurs en qualité, par les critiques internationales notamment.

AFP

Lady Gaga pose avec son Golden Globe.