Dans le cadre de la série Ciné-Histoire, le Cinéma du Musée propose cinq longs métrages de Bertrand Tavernier, présentés sous leur angle historique. De Que la fête commence jusqu’à Capitaine Conan, en passant par Le juge et l’assassin, Coup de torchon et La vie et rien d’autre, ces œuvres ont la particularité d’évoquer la passion du cinéaste pour l’Histoire, mais aussi pour les personnages secondaires qui l’ont écrite.

Un trio « royal »

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Philippe Noiret, Marina Vlady, Jean Rochefort et Monique Lejeune dans Que la fête commence, le deuxième long métrage de Bertrand Tavernier.

Que la fête commence inaugure ce mardi un programme intitulé Sous l’œil de Bertrand Tavernier, présenté dans le cadre de la série Ciné-Histoire. Lauréat du César de la meilleure réalisation en 1976, ce deuxième long métrage de Bertrand Tavernier, sorti un an après L’horloger de Saint-Paul, met en outre en vedette un trio « royal » formé des trois comparses que furent Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. Se déroulant au XVIIIsiècle, le récit évoque l’époque où, Louis XV étant mineur lors de la mort de Louis XIV, la Régence est assurée par le duc d’Orléans, débauché notoire qui fera l’objet d’un complot. Pascal Bastien, professeur au département d’histoire à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), animera une discussion après la projection.

7 février à 18 h 30

Philippe Noiret, acteur d’exception

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Mettant en vedette Philippe Noiret et Michel Galabru, Le juge et l’assassin a remporté trois trophées César en 1977, dont celui du meilleur acteur, attribué à Michel Galabru.

Dans Le juge et l’assassin a lieu une rencontre au sommet entre Philippe Noiret et Michel Galabru. Ce dernier, lauréat du César du meilleur acteur en 1977, a probablement trouvé là son plus grand rôle au cinéma. Inspiré d’une histoire véridique, ce troisième long métrage de Bertrand Tavernier, campé en 1893, relate les efforts que fait un juge pour envoyer à la guillotine un assassin notoire. En 2007, peu de temps après la mort de Philippe Noiret, Bertrand Tavernier avait déclaré ceci à La Presse : « Évidemment, le jeu de Michel Galabru dans le rôle de l’assassin est plus spectaculaire, mais celui de Philippe dans le rôle du juge est tout aussi remarquable. Les performances de Philippe Noiret dans mes trois premiers films – dans lesquels il passe du quotidien du XXsiècle à un prince du sang du XVIIIe, puis à un bourgeois du XIXe, pourraient d’ailleurs être étudiées par beaucoup de comédiens. Peu importe le cadre dans lequel il évoluait, Phillipe prenait carrément racine dans le lieu évoqué. »

23 février à 18 h 30

Ce film mal aimé devenu culte

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Philippe Noiret et Isabelle Huppert dans Coup de torchon, un film de Bertrand Tavernier

En transposant dans Coup de torchon l’intrigue du roman de Jim Thompson Pop. 1280 dans l’Afrique coloniale française des années 1930, Bertrand Tavernier a élaboré un drame ponctué d’humour noir cinglant, peuplé de gens ignobles. Quand ils ont lu le scénario, les acteurs – Philippe Noiret en tête – auraient même été déstabilisés par ces personnages « qui étaient des espèces d’animaux qui se sautaient les uns sur les autres, qui faisaient l’amour, qui mangeaient, se dissimulaient, mentaient ». Bien que les qualités du film aient été vite reconnues par les professionnels (il fut cité 10 fois aux Césars et finaliste aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère), Coup de torchon ne fut pas très bien accueilli lors de sa sortie en 1981. Il a cependant atteint dans les années suivantes un statut culte et figure aujourd’hui parmi les œuvres phares du cinéaste.

30 mars à 18 h 30

La Grande Guerre, deux fois…

  • Sabine Azéma et Philippe Noiret dans La vie et rien d’autre, un film de Bertrand Tavernier. En 1990, ce film avait valu à Philippe Noiret le César du meilleur acteur.

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    Sabine Azéma et Philippe Noiret dans La vie et rien d’autre, un film de Bertrand Tavernier. En 1990, ce film avait valu à Philippe Noiret le César du meilleur acteur.

  • En 1997, Capitaine Conan a valu à Bertrand Tavernier le César de la meilleure réalisation, et à Philippe Torreton le César du meilleur acteur.

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    En 1997, Capitaine Conan a valu à Bertrand Tavernier le César de la meilleure réalisation, et à Philippe Torreton le César du meilleur acteur.

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Fidèle à sa démarche de raconter l’Histoire à travers des personnages périphériques, Bertrand Tavernier a d’abord eu l’idée de La vie et rien d’autre en découvrant avec effroi qu’environ 350 000 disparus ne furent jamais retracés lors de la guerre 1914-1918. Philippe Noiret – qui en est alors à son septième film avec le cinéaste – se glisse dans la peau d’un commandant qui, deux ans après la guerre, rencontre une femme (Sabine Azéma) cherchant l’homme qu’elle aime et dont elle n’a plus de nouvelles. La vie et rien d’autre vaudra à Noiret, qui était aussi de Cinéma Paradiso la même année, le César du meilleur acteur en 1990. Sept ans plus tard, Bertrand Tavernier s’attardera à un autre chapitre de l’histoire de la Première Guerre mondiale avec Capitaine Conan. Cette adaptation d’un roman de Roger Vercel se distingue en outre grâce à la performance de Philippe Torreton, également gratifié d’un César, remarquable dans la peau d’un capitaine qui se disait guerrier plutôt que soldat.

La vie et rien d’autre : 27 avril à 18 h 30. Capitaine Conan : 25 mai à 18 h 30.

La série Ciné-Histoire

Sous l’œil de Bertrand Tavernier est le quatrième programme que présente le Cinéma du Musée dans le cadre d’une série intitulée Ciné-Histoire. Lancé par Pascal Bastien, professeur au département d’histoire de l’UQAM, aussi un cinéphile qui voit le cinéma à caractère historique comme un mode d’écriture de l’Histoire, le programme Ciné-Histoire s’est jusqu’à maintenant intéressé au cinéma de Stanley Kubrick, au XVIIIsiècle, ainsi qu’à la justice au fil des ans. Chaque projection est précédée d’une présentation et suivie d’une discussion avec un historien. « Ces programmes sont toujours constitués de cinq films, précise Pascal Bastien. Pour Bertrand Tavernier, nous aurions pu en choisir au moins huit, mais les longs métrages que nous présentons font partie de ses meilleurs. Et la qualité des projections sera impeccable. »

Sous l’œil de Bertrand Tavernier. Ciné-Histoire, du 7 février au 25 mai, au Cinéma du Musée.

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