Y a-t-il une différence entre une critique cinglante et une autre vraiment négative? Il y a une dizaine de jours, la direction du Detroit News était d'avis qu'il y en avait une en accueillant favorablement la plainte d'un concessionnaire automobile. Le quotidien américain venait de publier le compte rendu de son journaliste automobile, Scott Burgess. Celui-ci portait sur la Chrysler 200. Dans son article, Burgess a notamment qualifié l'auto de «laideron» et a indiqué qu'elle représentait «seulement une amélioration par rapport à l'horrible modèle précédent». Personne ne sait combien de clients potentiels ont rayé cette Chrysler de leur liste après lecture de cet article.

Sans lui demander de modifier son jugement sur la voiture, Burgess a tout de même été invité à revisiter certains passages de son texte avant que celui-ci ne se retrouve sur le site internet du journal. Burgess n'a pas seulement soumis un texte révisé. Il a également remis sa démission.

Le Detroit News se défend d'avoir cédé à la pression du concessionnaire (et annonceur!) dans cette histoire. On peut en douter. Scott Burgess a toujours eu recours à un langage coloré et le Detroit News n'a jamais eu à s'en plaindre jusqu'ici.

Une industrie sur les dents

Dans un monde politiquement correct, l'affaire Scott Burgess n'a rien d'étonnant. Est-ce à dire qu'il y a des sujets tabous dans le milieu de l'automobile? Plutôt des terrains glissants dans une industrie qui n'aime pas les dérapages, même contrôlés. Une petite phrase de trop ou un commentaire jugé trop acerbe et la sanction n'est pas loin... Pour le journaliste aussi bien que pour le média qu'il défend. Le Detroit News est passé bien près de céder aux demandes du plaignant. Pas Scott Burgess.

Cela dit, il y a aussi une manière de le dire et nul doute que Scott Burgess retiendra la leçon, comme tous les autres chroniqueurs automobiles qui sont passés par là.

Les concessionnaires et les constructeurs d'automobiles représentent une part importante des recettes publicitaires des médias. Ils ne sont pas sans le savoir et certains jouent dur, très dur. En 2005, General Motors a cessé d'acheter de la publicité dans le Los Angeles Times, sous prétexte que les reportages associés à ses produits étaient trop négatifs. Cela n'est qu'un exemple. Il y en a d'autres de ce genre, même de ce côté-ci de la frontière.

 

La perfection n'est pas de ce monde

Qu'un concessionnaire ou qu'un constructeur s'offusque d'une critique de l'un de ses produits, rien de plus normal. La conception d'un véhicule relève toujours d'un compromis. Le styliste veut adopter telle forme, mais le président n'aime pas. Les ingénieurs cherchent à intégrer de nouvelles technologies, mais les comptables de l'entreprise refusent. La voiture parfaite n'existe pas. Elle n'existera jamais.

Même Mercedes en a fait l'amère expérience il y a 15 ans en dévoilant sa nouvelle Classe A. Sur la piste d'un aéroport suédois, des journalistes spécialisés tentent «d'éviter un élan», une manoeuvre classique en Suède où ces quadrupèdes ont pris la fâcheuse habitude de traverser sans regarder. La voiture tangue, se retourne, l'un des cinq passagers est légèrement blessé.

Jürgen Schrempp, président de Mercedes à l'époque, a du mal à contenir sa rage. Les spécialistes de la communication du constructeur allemand mettent en cause la qualité de la piste, la brutalité du test et la compétence des journalistes essayeurs.

Trois semaines plus tard, Mercedes reconnaît que ce véhicule souffre «d'une faiblesse dans des conditions de conduite extrêmes». «Nul ne le regrette plus que nous», a-t-il assuré, avant d'annoncer une série de modifications imposantes. Preuve que toute vérité est bonne à dire!

LANCEMENT DE L'OPTIMA



L'Auto assistera cette semaine au lancement médiatique de la nouvelle Optima de Kia. Cette nouvelle intermédiaire prendra le relais de la Magentis dans les salles d'exposition dans quelques semaines. Tout comme la Sonata dont elle dérive, l'Optima soulèvera son capot à trois moteurs. Au client de choisir entre un quatre-cylindres atmosphérique, un autre suralimenté par turbocompresseur et un autre assisté d'un moteur électrique (hybride).

 

Photo fournie par Chrysler

Le design de la Chrysler 200 ne fait pas l'unanimité.

PRÉCISION

Satisfaction des concessionnaires

Au classement de l'Indice de satisfaction des concessionnaires canadiens (ISC) pour l'année 2010, la deuxième place revient à Subaru (cinquième en 2009) et la troisième à Volkswagen (onzième en 2009). Dans notre numéro du 21 mars dernier, il était mentionné que Volkswagen était deuxième et Chrysler troisième. Rappelons que Mercedes-Benz Canada se classe au premier rang pour 2010. Le constructeur allemand était troisième en 2009, année où Mini a été couronné. Cet Indice de satisfaction des concessionnaires est établi selon le sondage annuel mené par la Corporation des associations de détaillants d'automobiles du Canada (CADA). Le sondage est envoyé aux concessionnaires en titre chaque automne et porte sur les performances des constructeurs dans les domaines de la communication, la livraison des véhicules et des pièces, la politique de satisfaction de la clientèle, la facilité de faire des affaires, ainsi que la vente et le service.

Photo fournie par Subaru

La Subaru Impreza WRX STi.