Après avoir conquis la Chine côtière et les grandes métropoles, les constructeurs automobiles de la planète vont se focaliser en 2011 sur l'intérieur du pays et les villes de taille plus modeste, où le boom de la voiture ne fait que commencer, estiment les analystes.

La Chine se motorise à grande vitesse depuis près de dix ans, le secteur affichant des taux de croissance de 30% ou plus depuis que les particuliers se sont mis à acheter massivement des voitures.

En 2009, la Chine a dépassé les Etats-Unis pour devenir le premier marché mondial avec 13,64 millions de véhicules vendus. L'an dernier, les ventes ont encore progressé de plus de 32% pour atteindre 18,06 millions d'unités.

De quoi faire saliver les constructeurs du monde entier, même si les prévisions de croissance pour cette année sont nettement plus modestes, notamment à cause de la fin de subventions à l'achat de modèles de petite cylindrée économes en carburant.

La croissance va probablement tomber cette année à 10% ou 11%, prédit Jenny Gu, du cabinet de consultants J.D. Power and Associates. Klaus Paur, en charge de la Chine pour le cabinet Synovate Motoresearch, table lui sur 15% de voitures vendues en plus.

Étant donné la taille du marché, «15% n'est pas un petit chiffre», commente Shen Jun, analyste chez Roland Berger, qui relève que les villes vont devoir redoubler d'efforts pour améliorer leur réseau routier.

«Nous avons encore une très forte croissance de la demande dans les villes de moindre importance», a expliqué M. Paur à l'AFP.

«Dans les provinces de l'intérieur en particulier, un grand nombre de ménages franchissent pour la première fois le seuil (de revenus) à partir duquel ils peuvent s'offrir une voiture», relève cet analyste.

Pour saisir cette occasion, l'américain General Motors, premier constructeur étranger en Chine avec 2,35 millions de véhicules vendus, ainsi que le japonais Nissan, parmi d'autres, ont lancé en Chine des modèles destinés à ces nouveaux acheteurs plus modestes.

La Baojun, une berline familiale que GM lance avec son partenaire Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC) Group et Wuling Motors, sera prochainement vendue à travers un réseau de concessionnaires spécifiques.

La voiture compacte Nissan March, pour le même créneau, s'est très bien vendue depuis son lancement au début de l'an dernier.

Dans les villes moyennes et petites, les voitures sont encore à 90% des premiers achats, tandis que dans les grandes villes, la part des voitures de luxe ou des véhicules utilitaires de loisirs (SUV) augmente tout comme le nombre des consommateurs qui en sont à leur deuxième achat.

Très congestionnée, Pékin avait déjà instauré un système interdisant aux voitures de circuler un jour par semaine, en fonction de leur plaque d'immatriculation.

Mais la capitale chinoise est allée plus loin le mois dernier en limitant à 240.000 le nombre de nouvelles immatriculations pour cette année, soit trois fois moins qu'en 2010. A Shanghai aussi, le nombre de nouvelles voitures autorisées à circuler est limité.

Le secteur s'inquiète de ces restrictions qui pourraient faire école, surtout si le gouvernement central, qui a jusqu'ici encouragé le développement de l'industrie automobile en tant que secteur clé pour le pays, se mettait à vouloir combattre davantage la pollution atmosphérique souvent très grave qui frappe les villes chinoises.