(Vienne, Autriche) Chez Mercedes, on ne bouscule personne. Tout en se confectionnant une gamme de véhicules entièrement électriques, la firme à l’étoile garde à l’esprit que certains de ses clients mettront plus de temps à monter en « watture ». D’où cette génération de la Classe E.

Les véhicules électriques ne branchent pas tout le monde. Et d’ici à ce que les autorités les contraignent, des consommateurs entendent jurer fidélité au bon vieux moteur à combustion interne pour quelque temps. Et la Classe E, modèle le plus diffusé de Mercedes, compte bien satisfaire ces irréductibles fidèles. Mais, ce faisant, la firme à l’étoile veille aussi à les accompagner vers l’inéluctable transformation de la Classe E en une « watture » et non une voiture. Cette transition est déjà en marche. En Amérique du Nord, l’EQE, le pendant électrique de la Classe E, se prépare à assurer la relève (voir nos encadrés). En Europe, c’est plus compliqué. En effet, Mercedes propose aux consommateurs européens un éventail beaucoup plus large de motorisations (essence, diesel, hybride rechargeable).

Chez nous, la future Classe E – sa commercialisation débute en février prochain – limite son offre à des mécaniques à essence comptant quatre (350) ou six cylindres (450). Toutes deux sont suralimentées par turbocompresseur. Et toutes deux bénéficient de l’assistance d’un dispositif hybride (48 volts) dont la mission première consiste à réduire le temps de réponse (turbo) et adoucir le fonctionnement du système de coupure automatique à l’arrêt. La consommation ? Oui, mais pas tant. Avec le six-cylindres (450) à tout le moins, le seul des deux moteurs destinés au marché nord-américain présent lors de l’avant-première internationale.

Outre une palette de moteurs restreinte, la direction nord-américaine de Mercedes sacrifie la version familiale. Décision que déploreront les esthètes, mais qui permet de ne plus avoir à diffuser un véhicule non rentable. « Si tous les journalistes qui l’ont plébiscitée en avaient acheté une, sans doute serait-elle encore aujourd’hui inscrite à notre catalogue », plaisante Zakary Paget, responsable de la communication pour Mercedes-Benz Canada.

Techno, mais pas trop

En revisitant la Classe E, ses concepteurs ont veillé à corriger certaines tares du passé. Et à en créer de nouvelles aussi ! Les fleurs, d’abord. Cette berline intermédiaire de luxe repose désormais sur un empattement plus long qui profite essentiellement aux places arrière où les occupants se sentaient autrefois aussi confinés qu’à bord d’une Classe C, d’un gabarit inférieur. Le dégagement est meilleur, mais l’accès et la sortie demeurent toutefois problématiques en raison de l’arc que décrit le toit. Aérodynamique oblige. On retient également le volume nettement accru du coffre, lequel peut être augmenté encore en rabattant les dossiers de la banquette.

Tout à l’avant, on se retrouve aux premières loges d’un spectacle pyrotechnique que Mercedes maîtrise depuis un certain temps déjà. Cette fois – n’oubliez pas le conservatisme de la clientèle –, Mercedes range l’immense dalle numérique Hyperscreen (hyperécran) apparue sur les véhicules électriques EQ et qui couvre littéralement toute la surface du tableau de bord. C’est impressionnant, innovant et assurément très dispendieux à remplacer… Bien que plus petit, le Superscreen de la Classe E l’est tout autant. Et pour peu qu’on y accorde le temps nécessaire, on surfe aisément à travers les interfaces, mais la quasi-absence de commandes physiques pose tout de même un problème en matière de sécurité (distraction).

La Classe E fait preuve de plus de modération, quoique le passager avant ait aussi droit (moyennant un supplément) à son écran personnalisé. À l’aide de celui-ci, il pourra par exemple regarder un film sans distraire celui ou celle qui se trouve au volant en raison de la présence d’un filtre réduisant l’angle de vision. Avec ou sans ce dernier écran, il reste encore suffisamment de place sur ce tableau de bord pour tendre un peu de cuir, de carbone et d’aluminium. La tradition est sauve.

Comme un gant

Qu’on se le dise, la prise en main d’une Classe E est d’une désarmante facilité. Onctueux, robustes et silencieux, les six cylindres en ligne procurent une accélération linéaire et des reprises vigoureuses, aidées en cela par une boîte automatique douce et finement étagée. Même la langueur qu’on lui reprochait autrefois, particulièrement dans les phases de rétrogradation, a complètement disparu.

Malgré ses quelques kilos en plus (une centaine), cette berline file, imperturbable, sur les routes qu’on jette devant elle. La suspension pneumatique, optionnelle, s’accompagne d’un dispositif à quatre roues directrices qui font paraître la Classe E plus agile et plus légère.

L’assistance correctement dosée de la direction ajoute à cette sensation de conduire une auto plus vive. Le rouage à quatre roues motrices, de série au Canada, assure à cette Mercedes une motricité à toute épreuve. Pour ménager le confort de ses passagers, la caisse prend un soupçon de roulis, mais cela n’altère en rien la confiance que l’on éprouve à négocier les virages. En revanche, ce bel optimisme se trouve tempéré par la pédale de frein qui offre un ressenti un peu trop spongieux. La déclinaison AMG, appelée à apparaître sous peu, corrigera sans doute cette critique. D’ici là, les versions standards de la Classe E rassureront, pour quelque temps encore, ces consommateurs pour qui la transition électrique représente un saut dans l’inconnu.

Consultez le site de Mercedes-Benz Canada

Mercedes-Benz Classe E

Fourchette de prix

De 69 300 $ à 79 900 $ (1)

1. Modèle actuel (2023). Les prix de la nouvelle génération seront dévoilés en janvier 2024.

Modèle à l’essai

450

Consommation

8,9 L/100 km

On aime

Moteur à six cylindres costaud
Présentation intérieure soignée
Volume du coffre maintenant décent

On aime moins

Accès aux places arrière
Pédale de frein pointilleuse
Absence du moteur hybride rechargeable

Notre verdict

Un dernier regard sur une icône du XXe siècle ?

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La Presse publiera prochainement l’essai des véhicules suivants : Buick Encore, Cadillac Lyriq, Ford Mustang, Hyundai Kona, Lucid Air, Toyota Corolla Cross et Volkswagen Atlas. Si vous possédez l’un de ces véhicules ou en attendez la livraison, nous aimerions bien vous lire.

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