(Sonoma, Californie) L’objectif est clairement déterminé : Honda ne produira que des véhicules électriques d’ici 2040. Très bien, mais les contours et les collaborations, eux, restent encore à définir. Après avoir longtemps mollement flirté avec la fée électrique, Honda rebranche tout. Reste à voir si, cette fois, le courant passera entre les consommateurs et le Prologue, son dernier-né.

Le 25 octobre dernier, Honda et General Motors ont annoncé qu’ils mettaient fin à leur collaboration quant à la création d’un véhicule électrique bon marché qui devait voir le jour en 2027. Cette décision ne remet cependant aucunement en cause les autres projets communs aux deux constructeurs, dont le Prologue de Honda – un VUS à batteries fortement dérivé du Chevrolet Blazer EV.

General Motors n’est pas le seul partenaire de Honda. Le constructeur japonais a également dans les poches un accord avec le géant Sony pour constituer, sous le nom d’Afeela, une gamme complète de véhicules électriques. Celle-ci sera visible à partir de 2025.

Dès lors, il y a lieu de se demander si le Prologue n’est pas un produit mort-né. Ou à tout le moins un véhicule intérimaire comme l’a été par exemple l’Isuzu Rodeo avant que Honda construise son propre Passport. Cette question, naturellement, choque Honda, mais elle se pose. De quelle évolution bénéficiera ce modèle au cours de son existence ? En fait, connaîtra-t-il seulement une descendance ? Les dirigeants de la firme japonaise se limitent à rappeler que « son nom l’indique clairement : le Prologue marque un début ». Pour le Canada, du moins. Aux États-Unis, Honda a, un temps, commercialisé une version entièrement électrique de la Clarity (nous avons eu droit pour notre part à la déclinaison hybride de ce modèle). En Europe et au Japon, Honda a également mis sur le marché la « e » en 2020, pour la retirer de la circulation trois ans plus tard. Quel sort la marque japonaise réserve-t-elle au Prologue ?

  • Plus imposant qu’un ID.4 (Volkswagen) ou qu’un Ariya (Nissan), le Prologue n’a pour ainsi dire aucun concurrent direct. Seul le futur Blazer EV de Chevrolet risque de rouler dans ses plates-bandes.

    PHOTO FOURNIE PAR HONDA

    Plus imposant qu’un ID.4 (Volkswagen) ou qu’un Ariya (Nissan), le Prologue n’a pour ainsi dire aucun concurrent direct. Seul le futur Blazer EV de Chevrolet risque de rouler dans ses plates-bandes.

  • Installé aux commandes, on ne ressent pas vraiment le frisson de l’innovation technologique. La présentation intérieure n’a rien d’audacieux ni d’affriolant non plus. L’instrumentation fait dans le classique.

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    Installé aux commandes, on ne ressent pas vraiment le frisson de l’innovation technologique. La présentation intérieure n’a rien d’audacieux ni d’affriolant non plus. L’instrumentation fait dans le classique.

  • Les réglages de la suspension et de la direction ont fait l’objet de certaines rectifications pour rendre la conduite plus vive, plus agile.

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    Les réglages de la suspension et de la direction ont fait l’objet de certaines rectifications pour rendre la conduite plus vive, plus agile.

  • Les sièges avant du Honda Prologue

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    Les sièges avant du Honda Prologue

  • Conduire le Prologue demeure, comme tous les véhicules électriques d’ailleurs, un exercice qui échappe à la banalité. On apprécie le silence de fonctionnement et l’agrément au volant en dépit du poids de ce Honda.

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    Conduire le Prologue demeure, comme tous les véhicules électriques d’ailleurs, un exercice qui échappe à la banalité. On apprécie le silence de fonctionnement et l’agrément au volant en dépit du poids de ce Honda.

  • L’habitacle du Honda Prologue

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    L’habitacle du Honda Prologue

  • À défaut d’être spectaculaire, voire avant-gardiste, l’habitacle du Prologue a le mérite d’être spacieux à l’avant comme à l’arrière.

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    À défaut d’être spectaculaire, voire avant-gardiste, l’habitacle du Prologue a le mérite d’être spacieux à l’avant comme à l’arrière.

  • Les dossiers de la banquette se rabattent, mais pas complètement à plat, pour accroître le volume du coffre.

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    Les dossiers de la banquette se rabattent, mais pas complètement à plat, pour accroître le volume du coffre.

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Oui, un début

Le Prologue fera son entrée en scène au printemps dans les concessions canadiennes. Le Québec et la Colombie-Britannique seront les marchés privilégiés par la marque japonaise au cours de la première année.

Plus imposant qu’un ID.4 (Volkswagen) ou qu’un Ariya (Nissan), le Prologue n’a pour ainsi dire aucun concurrent direct. Seul le futur Blazer EV de Chevrolet risque de rouler dans ses plates-bandes. Contrairement à ce dernier, cependant, le Prologue vendu au Canada sera uniquement proposé avec un mode d’entraînement à quatre roues motrices (donc un moteur sur chaque essieu).

Ce Honda est un véhicule électrique normal. Banal, même. Cette absence d’originalité ne manquera pas d’être saluée. Car c’est aussi avec des modèles ordinaires que l’automobile électrique s’intégrera dans la vraie vie.

À défaut d’être spectaculaire, voire avant-gardiste, l’habitacle du Prologue a le mérite d’être spacieux à l’avant comme à l’arrière. Seules les personnes de grande taille trouveront sans doute à redire sur le dégagement au toit, plutôt limité.

Les dossiers de la banquette se rabattent, mais pas complètement à plat, pour accroître le volume du coffre. En revanche, sous le capot, on ne retrouve pas l’espace additionnel (communément appelé le « frunk ») si cher aux amateurs de véhicules électriques. Cela dit, fidèle à sa réputation, Honda a su aménager plusieurs réceptacles à bord pour faciliter le rangement des nombreux accessoires qui accompagnent nos vies « modernes ».

Pas de risque

Installé aux commandes, on ne ressent pas vraiment le frisson de l’innovation technologique. La présentation intérieure n’a rien d’audacieux ni d’affriolant non plus. L’instrumentation fait dans le classique. Avec une charge complète, il est possible de parcourir jusqu’à 452 km sans ravitailler. Et la puissance de recharge fixée à 150 kW permet, selon Honda, de restaurer une autonomie de plus de 100 km en environ 10 minutes. Offerte de série sur les modèles canadiens du Prologue, la trousse de recharge portable comprend un adaptateur pour les charges de niveaux 1 et 2.

Conduire le Prologue demeure, comme tous les véhicules électriques d’ailleurs, un exercice qui échappe à la banalité. On apprécie le silence de fonctionnement et l’agrément au volant en dépit du poids de ce Honda. Tout incite à rouler en souplesse en mettant à profit l’extrême élasticité du groupe électrique. Concrètement, on sollicite à peine la pédale de frein – l’inertie est suffisante – à condition d’anticiper les aléas de la circulation. Et puis, de temps en temps, il n’est pas interdit de s’autoriser un petit plaisir.

En accélérant franchement lorsque le feu passe au vert, on laisse (presque) tout le monde sur place... Avec son couple constant, les moteurs électriques font instantanément bondir le Prologue.

Bien que le Prologue adopte intégralement l’architecture de General Motors, Honda aime à rappeler que ses ingénieurs ont procédé à certaines modifications. Les réglages de la suspension et de la direction ont fait l’objet de certaines rectifications pour rendre la conduite plus vive, plus agile. Faute d’avoir été en mesure d’évaluer le Blazer EV, impossible à ce stade-ci d’affirmer si cet objectif a réellement été atteint. On relève cependant la fermeté des éléments suspenseurs – pas inconfortables pour autant – et les bruits de roulement. Seulement, ce serait faire un mauvais procès de le lui reprocher. Le Prologue qui nous avait été confié était un modèle de préproduction. Attendons alors la version définitive et procédons à nos tests d’usage (autonomie et recharge) avant d’émettre une opinion décisive.

Honda Prologue

Fourchette de prix

De 59 990 $ à 69 990 $

Visible dans les concessions

Printemps 2024

Admissible aux pleines subventions gouvernementales

Oui (EX et EX-L)

Autonomie

  • 452 km (EX et EX-L)
  • 439 km (Touring)

On aime

  • Les places spacieuses
  • La prise en main aisée
  • L’habitacle astucieux (aménagement)

On aime moins

  • Le peu d’influence de Honda dans la conception
  • Les bruits de roulement (modèle préproduction)
  • Le destin nébuleux de ce modèle

Notre verdict

Figurant ou acteur principal de la transition électrique chez Honda ? La question se pose.

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