Les autorités allemandes n'ont pas beaucoup d'illusions quant à l'efficacité des amendes et des points d'inaptitude. La seule punition dissuasive pour les amateurs de vitesse qui brisent les limites, c'est la suspension du permis.

«De l'argent, on peut toujours en trouver», explique Steffen Küpper, responsable de la sécurité routière au ministère bavarois de l'Intérieur. «Les points d'inaptitude, ça ne punit que plusieurs mois après l'infraction. Si quelqu'un fait un geste vraiment inacceptable, la seule manière de vraiment lui faire voir le droit chemin, c'est de suspendre son permis.»

Comme les Allemands ont beaucoup de vacances et bénéficient d'un bon réseau de transports en commun, la Bavière a décidé de hausser de trois à quatre mois la suspension automatique maximale du permis. «Quatre mois sans permis, ça complique vraiment la vie», note M. Küpper.

Par exemple, un excès de vitesse de 31 à 40 km/h ne «vaut» que 100 euros (environ 170$CAN), et trois points d'inaptitude. Par contre, dès qu'on dépasse de 40 km/h la limite de vitesse sur l'autoroute, et de 30 km/h en ville, le permis est automatiquement suspendu pour un mois. Le nombre de points d'inaptitude demeure à trois.

Le maximum de l'amende est de 400 euros (700$CAN), pour un excès de 70 km/h ou plus - avec trois points d'inaptitude et quatre mois de suspension. À titre de comparaison, au Québec, un excès de 80 km/h coûte 1240$ d'amende et 14 points d'inaptitude. Le maximum de points possible au Québec est de 15, alors qu'il est de 18 en Allemagne. Bref, l'accent est mis sur la suspension du permis. Les autorités ont aussi dans leur besace la menace que les compagnies d'assurances ne défrayeront pas les frais reliés aux accidents à grande vitesse. «Depuis une trentaine d'années, il y a une limite de vitesse suggérée sur les autoroutes de 130 km/h, dit M. Küpper. Personne n'aura de contravention à cause de ça. Mais les compagnies d'assurances s'en servent, grâce à une loi fédérale, pour refuser de dédommager les automobilistes qui ont un accident au-delà de cette limite.»

Est-ce aussi sévère que pour l'alcool au volant? Est-ce qu'une personne qui file à 150 km/h et se fait couper par une autre qui va à 120 km/h perd toute indemnisation, de la même manière qu'un automobiliste trop saoul qui se fait frapper par une voiture ayant brûlé un feu rouge est considéré responsable de l'accident? «Il ne faut pas trop simplifier», tempère Florian Hördegen, de l'ADAC (l'équivalent de notre CAA), visiblement indisposé par la comparaison entre la vitesse et l'alcool. «Ça va simplement être un facteur dans la décision de la compagnie d'assurances.»

D'autant plus que les policiers n'inscrivent généralement pas dans leurs rapports la vitesse à laquelle s'est produit un accident, note M. Hördegen. «Des fois, ils vont écrire «vitesse excessive», mais ça peut faire référence au fait qu'il y a du brouillard.

 Les compagnies d'assurances ne vont faire enquête que s'il y a une vitesse manifestement excessive.» La même stratégie existe pour les pneus d'été: si un automobiliste a un accident pendant l'hiver alors qu'il a encore ses pneus d'été, son assureur pourra lui refuser une indemnisation à cause d'un règlement suggérant la pose de pneus d'hiver ou quatre saisons.