Des spectacles marquants du chorégraphe Dave St-Pierre aux populaires séries télé (Une autre histoire, Alertes), en passant par le théâtre de répertoire (Britannicus, de Racine), Francis Ducharme aime explorer tous les territoires de son art. Le comédien nous parle de son prochain rendez-vous avec Faust.

Pour sa jouissive interprétation de Néron, dans Britannicus au TNM, Francis Ducharme a reçu le prix de l’Association des critiques de théâtre, en 2019. Cet hiver, l’interprète joue un autre personnage mythique : Faust. Dès le 1er mars au Prospero, Ducharme est en vedette dans Si vous voulez de la lumière, aux côtés de Sophie Cadieux, Yacine Sif El Islam, Dominique Quesnel, entre autres.

Cette création, inspirée de l’œuvre de Goethe, est signée par 13 auteurs de la Francophonie, sous la direction de Florent Siaud. Ce dernier travaille à ce projet pour sa compagnie, Les songes turbulents, depuis six ans. Après Montréal, le spectacle fera une tournée en Europe.

Dans cette adaptation très contemporaine du chef-d’œuvre de la littérature allemande, Faust est oncologue dans un hôpital parisien. Il tombe amoureux d’une patiente, Margot, botaniste et auteure atteinte d’un cancer incurable. Angoissé par l’idée que, malgré sa science, cette femme va mourir, Faust va faire un pacte avec un mystérieux acteur, Méphisto. Ce qui le mènera dans une odyssée posthumaniste jusqu’en Californie, dans la Silicon Valley, où l’esprit de Margot reviendra sous la forme d’un robot. Dans cet éternel combat entre la vie et la mort, la lumière et la nuit, Faust parviendra-t-il à consoler son âme meurtrie ?

Résonance contemporaine

« Le mythe de Faust a été raconté de toutes les façons à travers les siècles, explique Ducharme. Avec cette production, on tente de voir comment le mythe résonne encore aujourd’hui, avec les visions et les styles d’une douzaine de dramaturges francophones, du Québec à Madagascar, en passant par la France, la Belgique, le Luxembourg, le Liban, le Bénin et Haïti », explique Ducharme.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, LA PRESSE

Francis Ducharme joue Faust dans la pièce Si vous voulez de la lumière au Prospero

Si vous voulez de la lumière est un spectacle d’une durée trois heures (avec deux entractes) durant laquelle les codes de représentation changent beaucoup, ajoute le comédien. « C’est un gros morceau, ce rôle, dit-il. Je suis content d’avoir plus d’expérience pour me mesurer à Faust. J’enlève des couches, l’une après l’autre, pour arriver à un dépouillement, une vérité, un abandon… Ce personnage est aussi comme un miroir. Faust reconnaît en lui le diable ; le diable reconnaît en Faust la souffrance humaine ; le public se reconnaît dans cette quête éternelle. »

Comme une plante qui pousse

Après Britannicus et Toccate et Fugue, Francis Ducharme travaille pour la troisième fois avec Florent Siaud, un metteur en scène érudit qui dirige habilement son bateau.

« Il y a quelque chose de vaporeux et d’envoûtant chez lui, mais aussi de précis dans sa direction. Florent est très sensible et très à l’écoute de ses interprètes. Il nous donne des ailes, nous nourrit avec des lectures. Il installe un climat bienveillant et aimant en salle de répétition. Or, si un acteur sent un regard lumineux se poser sur lui, il va se déployer. Un acteur est un peu comme une plante qui a besoin de lumière pour pousser. »

Voilà déjà 20 ans que Francis Ducharme gravite dans le métier. Entre danse et théâtre, cinéma et télévision, il ne veut pas choisir une discipline. « Plus jeune, ça me troublait de ne pas me sentir dans la gang. J’étais toujours le danseur chez les acteurs. L’acteur chez les danseurs. À 41 ans, je me fous des étiquettes. Je ne peux pas faire juste une chose. J’ai besoin d’explorer plusieurs territoires, différentes formes de langage. »

Au théâtre, il a aussi le luxe du temps. « Je peux me tromper, essayer des choses, réfléchir et explorer diverses avenues, poursuit-il. Des choses que je ne peux pas faire sur un tournage de 21 jours », dit l’acteur qu’on verra à l’automne dans le prochain film de Lyne Charlebois, Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles. Un long métrage librement inspiré de l’échange épistolaire à teneur érotique entre le frère Marie-Victorin et son élève Marcelle Gauvreau.

Si vous voulez de la lumière. Du 1er au 11 mars. Au Prospero.

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Stéphanie Morin, La Presse

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PHOTO JULIE VALLÉE-LÉGER, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE AUX ÉCURIES

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Stéphanie Morin, La Presse

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Du 21 février au 12 mars.

Stéphanie Morin, La Presse

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PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

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Du 22 au 24 février.

Stéphanie Morin, La Presse

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PHOTO JULIEN MOMMERT, FOURNIE PAR USINE C

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Du 1er au 5 mars.

Iris Gagnon-Paradis, La Presse

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PHOTO OLIVER LOOK, FOURNIE PAR DANSE DANSE

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Du 23 au 25 février, à la salle Wilfrid-Pelletier.

Iris Gagnon-Paradis, La Presse

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