Brigitte Poupart a créé un parcours immersif dans lequel une douzaine d’artistes de cirque et de danseurs partageront le même espace que les spectateurs afin de vivre une expérience commune hors de l’ordinaire : la fin du monde.

« La fin d’un monde, à tout le moins, car l’humain s’adapte à tout », précise la metteure en scène et comédienne, rencontrée dans l’une des grandes salles de la galerie L’Arsenal où le déambulatoire a été créé.

Nous arrivons sur les lieux à la suite d’une catastrophe qui n’est jamais nommée, mais qui serait, selon la conceptrice, le résultat d’une guerre doublée d’un cataclysme. Bref, quelque chose de pas très joli, qui fait en sorte que nous sommes désormais en mode survie « dans un monde qui s’effrite ».

Dans cette dystopie imaginée avant la pandémie et la guerre en Ukraine, « plus personne ne parle, nous dit Brigitte Poupart, sauf un personnage, le plus vieux du groupe, qui se souvient du temps où l’on parlait, mais qui perd la mémoire ». Il sera interprété par le danseur Jeff Hall (Carbone 14, PPS Danse, Cirque du Soleil).

Brigitte Poupart évoque le déambulatoire Sleep No More — libre adaptation de Macbeth présentée à New York dans un immeuble de cinq étages du quartier Chelsea. Mais contrairement à ce spectacle, où chaque scène est jouée en boucle pour que tout le monde puisse la voir, Jusqu’à ce qu’on meure a un début, un milieu et une fin.

Les spectateurs seront libres d’aller où ils veulent afin d’apprécier ce qui se passe dans l’une ou l’autre des sept stations du parcours. Mais chaque scène sera jouée une seule fois, donc il faudra être alerte pour ne rien rater. Certains spectateurs seront choisis au hasard pour vivre de courtes « scènes secrètes » en plus, derrière des portes closes, en tête à tête.

On verra notamment l’artiste brésilienne Bia Pantojo, spécialiste de danse verticale, qui cherche son fils dans une scène de « survie émotionnelle » interprétée dans une cuisine construite à vol d’oiseau. Les autres artistes — sangles, main à main, accro-danse, danse urbaine, etc. — sont d’origine rwandaise, haïtienne, chilienne, entre autres.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Brigitte Poupart avec des interprètes de Jusqu’à ce qu’on meure, dont Bia Pantojo, spécialiste de danse verticale

« Je leur ai demandé de puiser dans leurs histoires personnelles, dit Brigitte Poupart, qui s’est servie du langage du cirque et de la danse pour donner vie à cette dramaturgie théâtrale. “Je regarde ce que Pina Bausch a réussi à faire en intégrant la danse et le théâtre et je trouve ça très inspirant de faire quelque chose de semblable avec le cirque, qu’on peut amener dans l’émotion pure.” »

Son expérience sur Luzia, du Cirque du Soleil, a été déterminante dans son parcours — le spectacle mis en scène par Daniele Finzi Pasca qu’elle a repris, puis mené à terme. « J’ai découvert un langage très puissant et un potentiel poétique hallucinant », dit la metteure en scène, qui a entre autres travaillé avec Dave St-Pierre et monté les premiers Cabaret insupportable.

Malgré le petit budget de Jusqu’à ce qu’on meure, Brigitte Poupart a l’impression de créer le spectacle qui lui ressemble le plus.

C’est vrai, je vis un moment exceptionnel, parce que j’ai l’impression de canaliser pour la première fois toutes mes passions dans ce spectacle. Il y a un côté baroque aussi, dans le décor, entre autres, qui me ressemble beaucoup.

Brigitte Poupart

La fin du parcours nous ramènera au début de l’aventure — avant la catastrophe. Au moment où tout le monde faisait la fête dans l’insouciance la plus totale. Un antépisode (prequel) en somme. Une façon aussi de dire : voici ce qui nous attend si on ne fait rien.

« C’est ce que je trouve intéressant, dit Brigitte Poupart, que les artistes et les spectateurs se retrouvent réunis dans le même espace. Parce qu’on est tous victimes de ce qui se passe en ce moment. Ça peut nous sauter en pleine face n’importe quand. D’où ce retour en arrière, pour prendre conscience [de cette menace]. »

La musique électronique qui enrobe les différentes stations a été composée par Alex McMahon. « Un travail titanesque » atteste Brigitte Poupart, qui a aussi fait appel au sonorisateur Jacques Boucher, question de rendre le parcours immersif. « Il y a quelque chose dans la musique électronique que je trouve juste par rapport à notre époque, qui est modulaire, mais qui peut être très mélodique aussi, et qui donne une esthétique sonore se mariant bien avec le concept. »

Une fois la série montréalaise passée, l’équipe de création espère présenter Jusqu’à ce qu’on meure en tournée, dans d’autres grandes villes. « Par contre, j’aimerais qu’on puisse s’installer dans une ville pendant un certain temps, un mois, deux mois, parce que ce n’est pas un modèle économique rentable de rester quelques jours seulement. »

Il n’y a pas de parallèle explicite entre la reprise des arts vivants et la mise en scène de cette catastrophe, mais on comprend de Brigitte Poupart que le retour à la scène des artistes est fragile et difficile. Et les lieux de diffusion disponibles, rarissimes. Une précarité qui ne l’empêchera pas d’avancer. Jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce qu’on meure. Du 2 au 13 novembre à L’Arsenal Montréal.

Actuellement à l’affiche

Déclarations

PHOTO MÉLISSA GAMACHE, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE PROSPERO

Vlad Alexis compte parmi les interprètes de la pièce Déclarations.

Alors qu’il venait d’apprendre que sa mère était atteinte d’un cancer incurable, l’artiste canadien Jordan Tannahill a jeté sur papier des centaines d’affirmations pour tenter de capter l’essence d’une vie en voie de s’éteindre. Ces affirmations, traduites par Fanny Britt, servent de canevas à la pièce Déclarations, où cinq interprètes ajouteront leur mouvement aux mots de Tannahill. Seulement, cette partition gestuelle spontanée changera de soir en soir… La chorégraphe Mélanie Demers signe ici sa première mise en scène, alors qu’elle dirige Vlad Alexis, Marc Boivin, Claudia Chillis-Rivard, Macha Limonchik et Jacques Poulin-Denis.

Au Théâtre Prospero, du 1er au 19 novembre.

Stéphanie Morin, La Presse

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J’ai jamais

PHOTO ROBERT DESROCHES, FOURNIE PAR LA MAISON THÉÂTRE

Éléonore Loiselle sera seule sur scène dans J’ai jamais.

La Maison Théâtre accueille J’ai jamais, un spectacle solo mis en scène par Véa et destiné aux adolescents de 12 ans et plus. Éléonore Loiselle défend seule sur scène ce texte de Rhiannon Collett, qui raconte l’histoire de deux adolescentes devenues inséparables, Sam et Kate. Lorsque la sœur de Kate est victime d’une agression, cette dernière se met en tête de la venger et entraînera Sam dans un jeu dangereux où leurs actions auront d’étranges conséquences.

Du 1er au 6 novembre.

Stéphanie Morin, La Presse

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The Loonie Bin

PHOTO ALEJANDRO SANTIAGO, FOURNIE PAR LES CASTELIERS

Le marionnettiste Ronnie Burkett est de retour à Montréal avec un nouveau spectacle.

L’irrévérencieux marionnettiste canadien Ronnie Burkett est de passage à Montréal pour cinq soirs avec son tout nouveau spectacle intitulé The Loonie Bin. Pour l’occasion, Burkett laisse tomber les fils et retrouve la marionnette à gaine de son adolescence. Certains de ses plus célèbres personnages — dont l’actrice déchue Esmé Massengill et la reine des prairies Edna Rural — seront de retour, autour de la vache Vealma Abattoir. Un spectacle de style cabaret bouffon pour public averti seulement (16 ans et plus). Du 8 au 12 novembre à la Maison internationale des arts de la marionnette.

Stéphanie Morin, La Presse

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Foreman

PHOTO EVA-MAUDE TC, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

La pièce Foreman est de retour à Montréal après un passage remarqué en 2021.

Après un passage à guichets fermés l’an dernier, la pièce Foreman est de retour à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier pour huit représentations. En 2021, Luc Boulanger, de La Presse, avait salué dans sa critique le texte « puissant et touchant » qui raconte « l’histoire de gars ben ordinaires, mais qui vivent de grands drames intérieurs. » Charles Fournier (qui signe aussi le texte), Pierre-Luc Désilets, Miguel Fontaine, Steven Lee Potvin et Vincent Roy partagent la scène dans cette pièce mise en scène par Olivier Arteau et Marie-Hélène Gendreau. Du 3 au 12 novembre.

Stéphanie Morin, La Presse

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Alice !

PHOTO STÉPHANE BOURGEOIS, FOURNIE PAR LE TRIDENT

Marianne Marceau est l’une des 14 interprètes qui se partagent la partition d’Alice !

Le théâtre Le Trident, à Québec, présente une relecture très libre du grand classique de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles. Pour la compagnie de production multidisciplinaire Théâtre Rude Ingénierie (TRI), revisiter ce conte philosophique est l’occasion de dénoncer les aliénations de notre société actuelle et de célébrer le pouvoir de l’imagination. Emmanuelle Jimenez signe ce texte porté sur scène par une distribution de 14 interprètes. À la mise en scène, la bande du TRI poursuivra son exploration du théâtre alliant son, objet, ingénierie et vivant pour ce spectacle qui se veut d’abord et avant tout du théâtre d’images.

Stéphanie Morin, La Presse

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À bout de bras

PHOTO ROBIN PINEDA GOULD, FOURNIE PAR L’AGORA DE LA DANSE

À bout de bras.

Fondé en 2011, Parts+Labour_Danse est le projet commun de deux chorégraphes montréalais, David Albert-Toth et Emily Gualtieri. Ensemble, ils collaborent pour créer des œuvres explorant les ambiguïtés de l’expérience humaine. Leur nouvelle création, À bout de bras, prend la forme d’un solo porté par David Albert-Toth et mettant à nu nos paradoxes les plus intimes, où les désirs demeurent insatiables et où soif et peur de la solitude s’entremêlent. À la fois danseur, comédien et magicien, l’interprète revisite le mythe de Tantale, puni par Zeus pour son insolence avec les dieux et sa traîtrise, avec l’aide de la plume du dramaturge Étienne Lepage.

Iris Gagnon-Paradis, La Presse

Du 2 au 5 novembre à l’Agora de la danse