Une journée, de Gabrielle Chapdelaine. Mise en scène d’Olivia Palacci. Avec Renaud Lacelle-Bourdon, Nathalie Claude, Rose-Anne Déry et André-Luc Tessier. Jusqu’au 5 novembre au Quat’Sous.

Le Quat’Sous nous convie ces jours-ci à un supplice de la goutte. Une journée qui n’en finit plus pour quatre personnages prisonniers d’un lieu non défini. Avec cet effet miroir qui happe le spectateur, en captivité dans une salle qu’il ne peut quitter…

On ne sait pas vraiment où l’on se trouve. Les personnages non plus, d’ailleurs, n’ont pas l’air de le savoir. Ce qui les relie ? Pas clair non plus. Des collègues, des amis, des connaissances. Enfin, peu importe. Ils se retrouvent dans ce lieu non défini qu’ils ne peuvent quitter.

Sont-ils dans une troisième dimension ? Une téléréalité ? Il se peut bien que oui. En tout cas, la metteure en scène Olivia Palacci nous donne l’impression d’être dans le loft (moins chic tout de même) de Big Brother.

Petit à petit, nous faisons connaissance avec nos quatre « participants ». Les dialogues de Gabrielle Chapdelaine sont écrits de manière à ce que chaque personnage exprime (ou devine) le fond de la pensée de l’autre. Comme s’il s’agissait de leur conscience.

PHOTO EMMANUELLE BOIS, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Rose-Anne Déry, Renaud Lacelle-Bourdon et André-Luc Tessier dans une scène d’Une journée

Ce qu’ils ont en commun ? Leur solitude. Leur peur aussi, qui les paralyse. Ceux à qui les pièces de Tchekhov sont familières feront un parallèle avec les antihéros du dramaturge russe : des personnages apathiques, immobiles, englués dans leur quotidien, intelligents, mais incapables de bouger, d’être dans l’action.

Bref, Une journée patauge dans ces eaux-là, une comédie existentialiste (où l’on ne rit pas tant que ça) dans laquelle on se perd parfois – car tout n’est pas toujours très clair dans ce texte de Gabrielle Chapdelaine, malgré certaines qualités dramatiques indéniables.

Chaque personnage a ses démons et tente de combler le vide qui l’habite. Une relation malsaine qui perdure ; un boulot aliénant ; une amitié à sens unique ; la culpabilité d’une mère qu’on ne voit pas assez souvent, la nostalgie de son gruau…

Cette journée, qui n’en finit plus, est donc une sorte de prise de conscience individuelle forcée. Impossible de s’en sortir sinon. Même si un des personnages disparaît temporairement dans le fond d’un canapé avant de réapparaître (!).

Cette espèce de purgatoire absurde est défendu honorablement sur scène, en particulier par Nathalie Claude et Renaud Lacelle-Bourdon. Pour passer le temps, nos amis font du sport, cuisinent une soupe minestrone, plongent dans leurs souvenirs ou regardent des « classiques », ces films aux scénarios invraisemblables qui nous permettent de relativiser nos petites misères…

PHOTO EMMANUELLE BOIS, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Nathalie Claude se démarque dans cette partition difficile signée Gabrielle Chapdelaine.

Mais l’effet Tchekhov rebondit sur le spectateur, gagné par la léthargie de ce huis clos et, il faut le dire, les quelques flous de ce texte que la metteure en scène n’a pas réussi à éclaircir, malgré une mise en espace relativement efficace et des projections à propos, plutôt distrayantes. Par un effet domino réussi, cette journée n’en finit plus pour nous aussi.

Et au passage des 24 heures, nous sommes sans doute encore plus soulagés qu’Alfonso, Debs, Harris et Nico de la voir se terminer. Nous partons en espérant que demain sera une plus belle journée. Pour eux. Et pour nous.

Une journée, au Quat’Sous jusqu’au 5 novembre

Une journée

Une journée

Texte de Gabrielle Chapdelaine. Mise en scène d’Olivia Palacci. Avec Renaud Lacelle-Bourdon, Nathalie Claude, Rose-Anne Déry et André-Luc Tessier.

Quat’Sous, Jusqu’au 5 novembre

5,5/10

Consultez la page de l’événement