Il y a quelques années, le producteur Martin Leclerc a dit à François Chénier qu’il lui faisait penser à Symphorien. Non pas qu’il voyait une ressemblance physique entre Chénier et Gilles Latulippe ; plutôt une parenté dans leur manière de jouer, leur générosité sur scène, sans oublier leur sens du comique. Autant d’éléments qui l’ont incité à faire le saut.

« Martin [Leclerc] me voyait en bon straight man », indique François Chénier en faisant référence à la capacité d’un acteur comique d’être conscient de sa place dans une pièce, et de savoir se retirer pour laisser briller les autres membres de la distribution sur la scène.

Le burlesque n’est pas tant un art qu’une alchimie mystérieuse qui peut transformer en or une comédie de situation… ou lui mettre du plomb dans l’aile. C’est probablement pour cela qu’on aura attendu 45 ans avant de voir sur les planches ce personnage de concierge naïf et attachant, qui a fait les heures de gloire de Télé-Métropole. Et que le comédien François Chénier a accepté le défi sans passer d’audition.

Dont acte. Dès le 29 juin, et durant plusieurs mois en tournée, François Chénier va entrer dans la peau du personnage mythique, écrit par Marcel Gamache et créé par Gilles Latulippe, d’abord dans Cré Basile, puis dans la série qui porte son nom.

Un succès intemporel

Au total, 269 épisodes de cette comédie burlesque pour toute la famille ont été diffusés de 1970 à 1977. Elle est centrée autour du sympathique concierge et des drôles de pensionnaires de la Maison de Madame Sylvain (inoubliable Juliette Huot !). « J’étais trop jeune pour regarder Symphorien à l’époque, explique Chénier, qui a vu l’émission plus tard en reprise. Mais je me souviens très bien de M. Latulippe dans Les démons du midi, que je regardais chaque jour. Ç’a été une école de comédie pour moi. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

François Chénier

J’ai une admiration sans bornes pour ce légendaire acteur [Gilles Latulippe] que j’ai croisé une fois dans un gala MetroStar.

François Chénier

Pour incarner Symphorien, Chénier s’est laissé pousser la moustache et va porter une prothèse dentaire, avec l’empreinte des dents du défunt comédien, qui va changer la morphologie de sa bouche, la mettre plus en évidence. Il ne veut surtout pas imiter Gilles Latulippe, mais proposer son interprétation de ce personnage légendaire.

Question d’époque

L’action se situe au début des années 1980, comme si on repartait avec un nouvel épisode à la suite de la dernière saison. « On ne peut pas actualiser le propos ou l’histoire en 2022, sinon on travestit le texte et on se tire dans le pied. Les blagues farfelues reflètent donc la bonhomie du genre et la mentalité de l’époque », dit Chénier.

On retrouve aussi les mêmes personnages principaux. Nathalie Mallette joue Mademoiselle Lespérance, la célibataire croqueuse d’hommes qui voudrait tant épouser le coloré croque-mort Oscar Bellemare (Patrice Coquereau). Ce dernier campera un second rôle, celui de la belle-mère. Michelle Labonté incarne Madame Sylvain, la propriétaire autoritaire de la pension où Symphorien est concierge. Le frère pas très vite de Symphorien, Éphrem, celui qui rate toutes ses blagues, sera incarné par Martin Héroux. Anne-Marie Binette joue Marie-Madeleine, la femme de Symphorien. Finalement, Stéphan Côté interprétera quatre rôles dans la pièce, dont celui de Donat Labonté, un profiteur de la pire espèce, jadis défendu par Denis Drouin au petit écran.

Interviewé à quatre semaines de la première, après une répétition, Chénier ne tarit pas d’éloges envers ses partenaires de jeu : « C’est un spectacle très technique, avec beaucoup de son, de déplacements et d’accessoires. Le rythme est un feu roulant ! Il y a une complicité organique entre nous sur scène. »

Il est aussi très reconnaissant envers le metteur en scène Louis Saia, l’âme de ce projet d’adaptation présenté par les Productions Martin Leclerc et ComediHa!. Louis Saia cosigne le texte, avec l’auteur Pierre Huet, en plus d’assurer la co-mise en scène, en collaboration avec Pierre Séguin. « Depuis le début de Radio Enfer, en 1995, Louis est un mentor pour Michel [Charette] et moi », conclut-il.

Consultez le site du Théâtre du Vieux-Terrebonne Consultez le site de la pièce Symphorien