À 70 ans bien sonnés, le théâtre ambulant La Roulotte reprend la route. Cet été, il s’arrêtera dans près d’une quarantaine de parcs de Montréal pour offrir gratuitement des spectacles en plein air. À quelques jours du début de la tournée, La Presse a assisté à une répétition de la pièce Le nez.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Perchée sur une tourelle, la jeune Anna, interprétée par Caroline Tosti, s’adresse au public sur un ton complice. Elle lui promet de lui raconter « l’histoire la plus étrange » qui soit arrivée dans cette ville. Curieux de la connaître ? Voici un indice : elle implique un nez plutôt rebelle.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Pour écrire cette pièce loufoque, le metteur en scène Philippe Robert (à droite, sur la photo) s’est inspiré librement d’une nouvelle de Nicolas Gogol. « Le nez, c’est l’histoire d’une grosse patente étrange et fabuleuse qui sillonne la ville dans tous les recoins et qui transforme un peu les gens qu’elle croise », explique-t-il.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Sur la scène, cette « patente étrange et fabuleuse » est le nez du professeur M. Pierre, qui s’est mystérieusement enfui de son visage pour mener sa propre existence. Philippe Robert dresse toutefois un parallèle avec la roulotte elle-même, qui, depuis 70 ans, « transforme un peu les gens » qui assistent à ses spectacles.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

M. Pierre, joué par Ismaïl Zourhlal, se réveille donc un matin sans son nez. C’est épouvantable ! Les gens vont se moquer de lui, pense-t-il. Sa solution ? Retrouver son nez au plus vite !

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

« Sa quête va l’amener dans tous les rouages de ce qui fait une société : le milieu de la santé, le milieu de l’éducation, le milieu de l’information… », raconte Philippe Robert, qui indique que la pièce met en lumière « l’absurdité de ce système-là ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Un exemple ? À l’hôpital, M. Pierre aura bien de la difficulté à voir un médecin de famille. Heureusement pour lui, il existe dans cette ville une « médecin de sans-famille », incarnée par Charlie Monty. « J’avais envie de travailler l’absurde au théâtre, de faire du Monty Python pour enfants », précise le metteur en scène.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Ce sont toujours des finissants des écoles de théâtre qui montent sur la scène de La Roulotte. Cela n’a pas empêché Philippe Robert de placer la barre très haut. « Je fais appel à beaucoup de langages théâtraux. Il y a du chant, de la danse, de la marionnette, de la mascotte… » Sur la photo, on voit Doriane Lens-Pitt, Pierre-Luc Giroux et Charlie Monty en pleine chorégraphie.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’image de soi et le regard des autres sont des thèmes omniprésents dans la pièce. « C’est un éloge de la singularité et de l’étrangeté », affirme Philippe Robert, qui croit en l’importance de cultiver ce qui est hors normes. Le spectacle se clôt d’ailleurs par cette invitation : « Soyez bizarres ! »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

En attendant de sortir la roulotte de la ville, la troupe répétait au Stade olympique. Dès lundi, elle ira à la rencontre du public dans les parcs de Montréal jusqu’au 19 août. En tout, 50 représentations sont prévues pendant l’été.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Chaque année, environ 25 000 personnes assistent aux spectacles de La Roulotte. Pour de nombreuses familles, « c’est devenu une tradition », souligne Philippe Robert, qui invite les gens de 0 à 120 ans à venir découvrir l’étrange histoire de M. Pierre en plein air.