La Maison Théâtre propose ces jours-ci un projet audacieux, engageant et surtout touchant : une œuvre autour de Banksy, évoquant Banksy, sans véritablement porter sur Banksy.

Pour amateurs et initiés, ou pas du tout. Aucune importance, finalement.

Faire crier les murs, « ce n’est pas une pièce sur Banksy », confirme d’entrée de jeu l’autrice de ce texte original et rythmé, parlé et chanté, présenté jusqu’au 3 avril. « C’est une pièce sur une jeune fille, en quête d’elle-même. »

Une sorte de quête identitaire, si l’on veut, proposée ici par le Théâtre Le Clou, qui remet ça, après le succès de Je suis William, avec exactement la même équipe de création (Rébecca Déraspe au texte, Sylvain Scott à la mise en scène, Benoit Landry et Chloé Lacasse à la musique, Linda Brunelle aux costumes, etc.).

PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON THÉÂTRE

Faire crier les murs « est une pièce sur une jeune fille, en quête d’elle-même », affirme son autrice, Rébecca Déraspe.

La jeune fille, une certaine Jade, donc, née d’un père inconnu, se met un beau jour en tête que son géniteur doit assurément être cet artiste anonyme originaire de Bristol, au Royaume-Uni, qui tapisse les murs des plus grandes villes du monde, de Londres à Bethléem en passant par New York. Mi-fragile, mi-fougueuse, elle décide carrément de partir à sa recherche, dans une folle, drôle et touchante épopée. Le tout est ponctué de clins d’œil engagés et d’un savoureux brin de folie. Oui, ici, les œuvres de Banksy, qui ne peuvent pas être reproduites, pour des questions évidentes de droits d’auteur, prendront plutôt vie. Ici un rat, plus loin la jeune fille au ballon, pourquoi pas ?

Il faut dire que le choix de l’œuvre de Banksy pour s’adresser aux jeunes n’est pas fortuit.

Il y a quelque chose dans son geste artistique, dans l’acte de résistance qu’il pose en créant ces œuvres, qui relève selon moi de la pulsion adolescente.

Rébecca Déraspe, dramaturge

Son pied de nez aux normes et aux conventions, sa volonté de changer le monde à sa façon, anonymement en prime, devrait effectivement parler aux adolescents. Et pas que. « Comme les adolescents, moi, je me sens proche de ça, poursuit l’autrice en riant. Quand je fais du théâtre, c’est un peu ce que j’essaie de faire ! »

Ce n’est pas la première fois que l’autrice, au parcours enviable (Gamète, Antigone, etc.), s’attaque au public jeunesse. « Mais pour moi, il n’y a pas vraiment de différence, précise-t-elle. Pour être sincère, j’aborde l’écriture sans aucune différence. Avec la même rigueur. »

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Dans la pièce, les œuvres de Banksy, qui ne peuvent pas être reproduites, prennent vie. Ici, le rat.

Il faut dire qu’elle n’a pas perdu son cœur d’enfant. Ça s’entend dans son ton, et dans sa plume. Sa spontanéité, surtout. Cette « pulsion » évoquée plus haut n’est pas loin. « Je me sens encore très près de mon adolescence, confirme-t-elle en riant. Je n’ai pas l’impression de devoir regarder cette génération du fin fond de mon âge mûr. Au contraire ! Je m’identifie encore beaucoup à cette pulsion adolescente ! »

Avec ce texte, au-delà de l’initiation au pouvoir de l’art, à la puissance du geste artistique, et à la rébellion finalement, Rébecca Déraspe espère que le jeune public appréciera ici son récit. « Ultimement ? J’espère que les jeunes vont se faire raconter une bonne histoire. Et si ensuite ils ont la curiosité de découvrir Banksy, tant mieux ! »

Faire crier les murs, une création du Théâtre Le Clou, mise en scène par Sylvain Scott, avec Geneviève Alarie, Gabriel Favreau et Inès Talbi, est présentée à la Maison Théâtre jusqu’au 3 avril.

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Aussi au Théâtre d’Aujourd’hui

Un deuxième texte signé Rébecca Déraspe prend l’affiche prochainement, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui cette fois. Après un lancement avorté en raison de la pandémie, Ceux qui se sont évaporés, mis en scène par Sylvain Bélanger (avec Geneviève Boivin-Roussy, Josée Deschênes et Vincent Graton), sera finalement présenté du 14 avril au 7 mai prochain. « C’est la pièce la plus importante de mon parcours, la plus personnelle, la plus viscérale, celle qui vient le plus de moi », se réjouit son autrice. Après sept maigres représentations en mars 2020, elle est « vraiment reconnaissante que le spectacle puisse exister », poursuit-elle. « C’est une date que j’attends depuis longtemps ! »

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