Secoué par plusieurs deuils vécus depuis six mois, le directeur artistique du Théâtre d’Aujourd’hui avait hâte de renouer avec le plaisir de la création et de retrouver les artistes et le public cet automne. En pleine pandémie et au milieu des travaux majeurs dans son théâtre, Sylvain Bélanger dévoile enfin sa programmation, qui comprend notamment du théâtre à domicile. Pour ne pas oublier « notre capacité de rêver ».

Sylvain Bélanger, lance à son tour sa saison d’automne jeudi matin. À l’instar des autres compagnies de théâtre qui ont amorcé leur drôle de rentrée, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (CTD’A) nous propose une programmation alternative et éclatée, mariant théâtre à domicile, sur le web, reprises et résidence de création. « Depuis six mois, ce qui me manque le plus, c’est la rencontre avec le public et les artistes, entre la scène et la salle. Or, comme nos travaux de rénovation sont prolongés cet automne [sans parler de ceux dans la rue Saint-Denis qui rendent le théâtre difficilement accessible], c’est impossible d’ouvrir la saison avec un spectacle entre nos murs. On s’est dit qu’on irait rencontrer le public chez lui, en livrant du théâtre à domicile. »

Il s’agit de petites propositions théâtrales de 30 minutes, présentées à l’heure de l’apéro ou du brunch, à des couples, des familles ou des colocs ; le tout accompagné de bouffe et de vin (le CTD’A s’est associé au resto du Mile End La Buvette chez Simone). « Les artistes participants ont tous des projets en cours avec le Théâtre d’Aujourd’hui, explique Bélanger. Ils vont présenter des extraits d’une création à venir dans nos saisons futures. »

Reprise et annulation

À contrecœur, les représentations de Ligne de fuite, de Catherine Chabot, prévues au mois de novembre, sont annulées. « Parce que c’est un spectacle de proximité, pour lequel il est difficile d’imposer une distanciation entre les interprètes sur scène, dans le respect des normes sanitaires de la Santé publique », dit le metteur en scène.

Toutefois, Bélanger pourra reprendre, dès le 25 novembre, un autre spectacle, Ceux qui se sont évaporés, dans une mise en scène adaptée aux règles actuelles et devant une jauge réduite à 73 spectateurs. Geneviève Boivin-Roussy, Josée Deschênes, Vincent Graton et Éléonore Loiselle font entre autres partie de la distribution de cette pièce signée Rébecca Déraspe.

De plus, Sylvain Bélanger a décidé de prolonger la résidence des artistes Laurence Dauphinais et Édith Patenaude, même si leurs spectacles sont reportés cet automne. La première collabore avec Antoine Yared pour une création qui devait ouvrir la saison, Cyclorama, en coproduction avec le Centaur Theatre. « On travaille sur ce projet depuis deux ans avec le Centaur, dit-il. C’est une rencontre entre les communautés théâtrales anglophone et francophone de Montréal, avec des navettes d’autobus qui véhiculeront le public d’un théâtre à l’autre en remontant le boulevard Saint-Laurent. C’est aussi une plongée dans l’histoire du théâtre de la métropole », par-delà les barrières linguistiques, pour réunir nos deux solitudes. Si tout va bien, le spectacle verra le jour en septembre 2021.

Finalement, le CTD’A s’associe au Théâtre Cercle Molière de Winnipeg, ainsi qu’à 10 autres compagnies canadiennes, pour la création d’une série de capsules vidéo mises en scène par Alix Dufresne. Ce projet donne la parole à 13 femmes de partout au Canada (représentatives des 10 provinces et 3 territoires du pays) à travers des prestations « oniriques, poétiques et politiques ». Dès octobre sur les sites internet et les réseaux des deux compagnies.

Pour plus d’info et réservations en ligne : https://www.theatredaujourdhui.qc.ca/