On l’entend depuis des années sur les ondes de Rouge FM ; on a pu la voir incarner divers rôles à la télé. Mais ce que plusieurs ignorent, c’est que Mélanie Maynard est aussi autrice, un titre qu’elle revendique fièrement pour La maison, pièce écrite à huit mains – toutes féminines – et présentée jusqu’en août au Petit Théâtre du Nord.

Pour sa création estivale de 2019, le théâtre de Blainville a décidé de lancer un défi d’écriture à quatre autrices québécoises : Maryse Warda, Gabrielle Chapdelaine, Rébecca Déraspe et Mélanie Maynard. Leur mission : écrire un court texte d’une vingtaine de minutes inspiré d’un lieu commun (une maison) dans une époque donnée et avec un objet imposé, un gramophone encastré.

Déraspe s’est vu attribuer les années 20, Warda, les années 50, et Chapdelaine, les années 70. Mélanie Maynard ? Elle a planté ses personnages dans les années 80, mais son travail ne s’est pas arrêté là : elle a aussi hérité de la délicate tâche de tisser des liens entre toutes ces histoires, toutes ces époques, mais aussi toutes ces plumes distinctes.

J’ai intégré dans chaque histoire un personnage absent pour donner une trame narrative : un enfant qui naît, un père absent, un patron à zigouiller…

Mélanie Maynard

Pour ce faire, elle a dû intégrer des répliques dans les textes de ses trois coautrices. « Ç’a été un défi, mais, même si chaque écriture a une couleur particulière, on a réussi à faire quelque chose d’homogène. Rébecca y est allée avec des personnages gros, presque caricaturaux dans la langue, et elle joue avec ça. Gabrielle a écrit quelque chose qui est presque à la Quentin Tarantino et Maryse est plus romantique. Mais c’est le fun parce que la pièce se tient. C’est une comédie dramatique frôlant l’absurde ! »

De l’audace

« Je trouve que les gens du Petit Théâtre du Nord ont été très courageux de choisir cette formule d’écriture à plusieurs mains, car ça aurait pu donner une courtepointe disparate, alors que là, on est devant une couverture qui réchauffe pour vrai. Ils avaient aussi la volonté de brasser les cartes et de proposer une création complètement féminine, ce qu’ils n’avaient jamais fait auparavant. C’était audacieux. »

Le résultat a-t-il pris une couleur féminine, voire féministe, particulière ? « On ne s’est jamais dit : “On va faire une pièce féministe”, répond Mélanie Maynard. Mais dans chaque tableau, il y a des personnages très forts de femmes qui représentent chacune leur époque et qui possèdent chacune un trait de caractère particulier. Ça s’est fait naturellement, sans qu’on rentre dans la morale ou les jugements. »

Pour incarner ces femmes de caractère : les actrices Geneviève Alarie, Annick Bergeron et Kim Despatis. Les acteurs Antoine Durand et Luc Bourgeois sont aussi du spectacle, mis en scène par Sébastien Gauthier.

Autrice plutôt qu’auteure

Mélanie Maynard, qui signe avec La maison sa quatrième collaboration pour le Petit Théâtre du Nord, porte pour la première fois, et sans complexe aucun, le titre d’autrice plutôt que celui d’auteure.

Je trouve ça très beau qu’on commence à avoir des mots féminins pour les professions. C’est un nouveau mot et j’adore les nouveaux mots !

Mélanie Maynard

L’autrice, donc, n’a pas l’intention de ranger ses stylos de sitôt. « J’ai toujours des projets d’écriture en tête ; j’aimerais beaucoup pondre un roman. J’ai d’ailleurs été approchée par un éditeur… »

Après le théâtre, se verrait-elle écrire pour la télé ? « Plus ça va, plus je m’éloigne de la télé. Je trouve qu’il y a beaucoup de contraintes. Mon dernier espace de liberté est vraiment la radio. Et les médias sociaux, où personne ne me dit ce que j’ai le droit de dire ou non. »

Au Petit Théâtre du Nord (Blainville) jusqu’au 23 août

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