Entre sa formation à l’école Promédia, en 2009, et son arrivée à Noovo, en août 2022, Marie-Michelle Lauzon a bourlingué en Abitibi-Témiscamingue, en France, à Chicoutimi, Trois-Rivières, Sherbrooke, Toronto, Vancouver, Winnipeg et… Montréal. Celle qui se décrit comme une « bibitte un peu bizarre » était néanmoins très heureuse que la chaîne de Bell Média la rapatrie à son antenne pour lui confier le rôle de journaliste aux affaires policières.

Au départ, Marie-Michelle Lauzon ambitionnait d’être reporter de guerre et avait même envoyé à toutes les stations de télévision un démo dans lequel elle commentait un attentat terroriste à Bagdad.

Après son départ du foyer familial à Laval, elle a pourtant fouillé la météo, la culture, les sports, les faits divers, a fait de la rédaction, de la radio, de la télé. Elle a dormi sur le sofa de sa collègue Mélissa François, dans un deux et demie de l’Abitibi, a quitté Chicoutimi en trombe dans sa Toyota Tercel vert forêt, convaincue que sa carrière était terminée, après qu’une patronne lui eut laissé entendre qu’elle n’était peut-être pas assez intelligente pour faire le métier, a composé avec les horaires casse-tête qui sont le lot des employés surnuméraires de Radio-Canada…

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Marie-Michelle Lauzon, journaliste aux affaires policières

Bref, l’intrépide jeune femme était prête à beaucoup de sacrifices pour apprendre la profession et vivre des sensations fortes.

« J’ai une personnalité qui aime beaucoup les défis. Je crois que, pour être une bonne journaliste, il faut côtoyer différentes réalités. Dès que j’avais l’occasion de bouger, de voyager, j’en profitais. On m’a d’ailleurs reproché d’être instable, de toujours dire oui aux opportunités. Mais je me disais que je n’avais pas d’attaches, pas de permanence, et je voulais apprendre. Pour moi, c’était super bénéfique, mais j’avais souvent l’impression que les gens ne comprenaient pas ma démarche. Et ma vie sentimentale a écopé », relate Marie-Michelle.

Finalement, notre autodidacte aura réalisé son rêve de journalisme de conflits armés sur le tard, alors qu’elle en avait fait son deuil ; au lendemain de son entretien avec La Presse, ses patrons l’ont dépêchée en Israël pour témoigner des violences au Moyen-Orient…

Encore des préjugés

Aujourd’hui, à 38 ans, Marie-Michelle Lauzon est heureuse de s’être posée, d’avoir trouvé ses aises aux affaires policières, criminelles et judiciaires. Même si son pain quotidien de confidences de personnes violées, agressées ou endeuillées dans des circonstances terribles est « exigeant ».

Se faire des sources et des contacts dans le milieu policier est difficile. Ça demande beaucoup de temps hors des heures de bureau, des cafés le soir et le week-end avec des gens. Mais c’est vraiment passionnant et fascinant.

Marie-Michelle Lauzon

Son univers est également très compétitif, à forte prédominance masculine et parfois, hélas, encore rempli de préjugés.

« Mes compétiteurs sont des gars qui sont dans ce milieu depuis 20, 30 ans ; 90 % du temps, ça se passe super bien, mais il y a encore des gens qui vont jouer la carte de la séduction. Ça me met tellement mal à l’aise quand quelqu’un me parle pour coucher avec moi… ! Je ne pense pas que Félix Séguin se fasse inviter dans des chalets par des personnes qu’il n’a jamais rencontrées de sa vie… »

Journaliste aux affaires policières aux bulletins de Noovo Info de 17 h et 22 h. Ses reportages sont diffusés essentiellement à Montréal, mais peuvent aussi être relayés à Québec et en région selon le sujet. Auparavant journaliste à Radio-Canada.