Le Festival TransAmériques (FTA) s’est amorcé mercredi soir à la salle Ludger-Duvernay du Monument-National, avec la première de Du temps où ma mère racontait. Un spectacle hybride (danse, théâtre et musique), créé par le metteur en scène et chorégraphe libanais Ali Chahrour.

Ce dernier s’inspire de la douloureuse histoire de sa propre famille, sur fond de crise dans cette région du Proche-Orient. Il raconte aussi une double quête maternelle : celle d’une mère qui attend le retour de son fils disparu en Syrie et celle d’une tante qui convaincra son fils radicalisé par des intégristes religieux de trouver réconfort et rédemption dans l’art.

Émouvant par moments, ce spectacle reste assez déstabilisant pour le grand public. Le choix de cette proposition comme coup d’envoi d’un festival international, ayant la réputation d’offrir l’avant-garde de la création contemporaine, laisse perplexe.

PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE, FOURNIE PAR LE FTA

Si le thème de l’amour inconditionnel d’une mère est universel, la mise en scène assez statique risque de rebuter certaines personnes.

Dans sa forme, Du temps où ma mère racontait tient plus du rituel que du spectacle. Ali Chahrour nous convie à une cérémonie pour raconter une tragédie familiale, mais aussi celle d’un peuple meurtri, condamné à expier sa douleur, telle une blessure originelle. La plaie est vive. Béante !

On a l’impression d’assister à une longue complainte, d’entendre un pénible cri dans le désert d’une humanité violente.

Si le thème – l’amour inconditionnel d’une mère – est universel, la mise en scène statique, solennelle, risque de rebuter certains spectateurs. Heureusement, vers la fin de la représentation d’environ 80 minutes, la mère et le fils exécutent quelques pas d’une danse traditionnelle ensemble… On perçoit une goutte d’espoir dans cette mer de souffrance et de lamentations. Comme si l’art pouvait sauver le monde de son non-sens.

La musique demeure le point fort de ce spectacle, car le jeu et la danse, très minimalistes, nous ont laissé sur notre faim. Le texte des chansons et des monologues, en arabe avec surtitres en français et en anglais, est aussi fort beau, poétique.

PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE, FOURNIE PAR LE FTA

Le chorégraphe et metteur en scène libanais Ali Chahrour (assis, la tête inclinée)

Virage militant…

Depuis l’arrivée d’une nouvelle direction en tandem, dans un désir de réparer des injustices, le FTA a résolument pris un virage militant. Sa direction programme des spectacles qui donnent la voix aux communautés et cultures opprimées, colonisées et oubliées dans l’histoire du théâtre occidental. Ce choix artistique, partagé par d’autres festivals et compagnies dans le monde, se défend très bien.

Or, cette diversité culturelle doit aussi se retrouver dans sa programmation. Avec une offre plus variée qui représente divers propos et tendances de la scène actuelle. Et tous les goûts du public.

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Du temps où ma mère racontait

Du temps où ma mère racontait

d’Ali Chahrour
Dans le cadre du FTA

Au Monument-National, Jusqu’au 24 mai

6/10