La pression politique est montée d’un cran, jeudi, après que des billets pour le Festival d’été de Québec et pour un match de la Ligue professionnelle de hockey féminin se soient retrouvés rapidement sur des sites de revente à des prix astronomiques. Le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a rappelé que la députée Kariane Bourassa avait été mandatée pour trouver des solutions.

Interrogé jeudi avant la période des questions à l’Assemblée nationale à propos des « passes régulières » du Festival d’été de Québec qui se sont rapidement retrouvées sur les sites de revente de billets, le ministre Mathieu Lacombe a admis qu’il était temps d’agir.

« Il y a plusieurs personnes qui se posent des questions, avec raison, lorsqu’il y a des évènements comme celui-là, qui sont financés largement par des fonds publics, qui se retrouvent dans une situation où les billets sont déplacés vers des sites de revente à deux ou trois fois le prix. Ce n’est pas anecdotique non plus, on ne parle pas de quelques passes, c’est un modus operandi. Ça devient quelque chose qui est structuré et qui se reproduit chaque année. »

Depuis mercredi, les passes régulières du Festival d’été de Québec qui se vendent 150 $ se détaillent entre 369 $ et 967 $ sur des sites de revente.

D’ailleurs, il faut rappeler qu’Option consommateurs a entrepris une action collective contre les sites de revente de billets de spectacle Billets.ca et 514-Billets.com. L’organisme soutient que ces sites ne détiennent pas les autorisations requises par les producteurs pour exiger des prix supérieurs à ceux des vendeurs autorisés.

Ces deux sites – en plus du site Billetqualite – avaient d’ailleurs reçu des constats d’infraction (variant entre 6000 $ et 40 000 $) en 2014 à la suite de plaintes formulées pour des billets à coûts abusifs pour des spectacles de Louis-José Houde et Ginette Reno.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Kariane Bourassa, députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré et adjointe parlementaire du ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette

C’est dans ce contexte que le ministre Lacombe a demandé à la députée de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, qui est également adjointe parlementaire au ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, d’accélérer le chantier concernant la revente de billets. Un dossier sur lequel Mme Bourassa a commencé à travailler dès le mois de décembre dernier, après que des billets pour l’hommage national au chanteur des Cowboys Fringants, Karl Tremblay, qui étaient pourtant gratuits, se sont retrouvés sur des sites de revente à des prix excessifs allant jusqu’à 500 $.

Je pense que c’est normal de se poser la question du point de vue du consommateur, mais aussi du point de vue du culturel, parce qu’on veut que la culture reste accessible.

Mathieu Lacombe, ministre de la Culture et des Communications

Le ministre a poursuivi : « C’est la raison pour laquelle on a donné le mandat à notre collègue Kariane Bourassa de travailler sur cette question en rencontrant les différents partenaires du milieu culturel. Le travail est commencé, mais les rencontres avec les différents groupes vont se faire prochainement. »

Une nécessité

Comment le gouvernement peut-il réglementer cette question ? Quels sont les outils mis à sa disposition ? Des changements législatifs sont-ils nécessaires ? Quel est le rôle de l’Office de la protection du consommateur ? Voilà quelques questions auxquelles Mme Bourassa tentera de répondre.

« Ce qu’on a vu hier ne fait que confirmer la nécessité de se pencher sur la question, a-t-elle indiqué tout de suite après la période de questions à l’Assemblée nationale. Vous avez vu ce qui s’est passé avec les professionnelles de hockey féminin, les billets qui se vendaient entre 30 $ et 125 $ se revendaient à 500 $. C’est la même chose avec le FEQ, plus le temps passe, plus on remarque que les mêmes situations se représentent. »

Dans les prochains jours, Kariane Bourassa a l’intention de rencontrer des organismes du milieu culturel – elle cite l’ADISQ et l’UDA –, mais aussi les représentants des sites de revente de billets. « On va dresser un portrait de la situation pour proposer des solutions. On a déjà fait une liste des groupes qu’on veut rencontrer jusqu’à présent. Maintenant, on va se parler. »

Les deux représentants de la CAQ n’ont pas spécifié d’échéancier précis pour réaliser leurs travaux.

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