La Tohu présente ces jours-ci le spectacle Esquive, du Plus petit cirque du monde, compagnie française spécialisée dans l’acrobatie sur trampoline. Une petite forme qui se démarque par sa jolie esthétique et sa chorégraphie finement ciselée beaucoup plus que pour ses exploits acrobatiques.

Le dispositif scénique est savamment déployé, trois trampolines entourant la scène sur laquelle les six interprètes d’Esquive font leur apparition dans la pénombre.

Dans un ballet acrobatique rythmé par une musique qui s’accélère, ils vont faire le tour de cet espace de jeu en se laissant tomber sur les trampolines, avant de rebondir sur scène. En passant de l’un à l’autre, ils multiplient les figures artistiques, font du main à main, des colonnes, de la banquine, etc.

Il y a quelque chose d’hypnotique dans ce ballet aérien, fort joli, mais aussi répétitif par moments, commandité entre autres par iSaute.

La mise en scène de Gaëtan Levêque trouve un nouveau souffle lorsque la scène se divise en deux panneaux qui se dressent à la verticale, permettant aux interprètes de faire du trampomur, une discipline que l’on connaît bien ici, popularisée par le collectif de Québec, Flip Fabrique, entre autres, et bien sûr par le Cirque du Soleil.

À travers ces beaux tableaux, des performances individuelles se distinguent. Notamment sur cette scène amovible qui penche, repoussant les interprètes vers les trampolines, qui les propulsent à nouveau sur cette scène en déséquilibre. Ce jeu-là est intéressant – même si à la longue, on ne peut éviter les mouvements répétitifs.

PHOTO HÉLÈNE COMBALL WEISS, FOURNIE PAR LA COMPAGNIE

Des performances individuelles ponctuent ce spectacle d’un peu plus d’une heure.

Ascension, chute, persévérance, soutien du groupe qui réapparaît soudainement. À vous d’y voir les symboles ou métaphores que vous voulez.

Esquive est un peu tout cela à la fois, car il y a une réelle recherche dans la démarche artistique de ce groupe, mais ce sont d’abord et avant tout six interprètes qui partagent leur plaisir perceptible de voler – même pendant quelques secondes – au-dessus de la scène et qui, de toute évidence, savourent ces moments furtifs de liberté, comme en font foi leurs sourires aériens.

Le spectacle se termine avec l’ajout d’une planche sautoir sur scène, démultipliant ainsi les occasions de sauter et de rebondir.

C’est le pari – et le défi – du Plus petit cirque du monde : nous entraîner dans ce ballet acrobatique, qui consiste pour l’essentiel à sauter sur des trampolines, mais en y superposant une couche narrative (tacite) poétique. C’est ce que les interprètes d’Esquive parviennent à faire, malgré leurs chorégraphies un brin pléonastiques.

Esquive

Esquive

Le plus petit cirque du monde

À la Tohu, Jusqu’au 28 avril

6/10