Ils ont vécu pendant plus de 2000 ans sur la côte du golfe du Mexique, de 1600 ans av. J.-C. jusqu’à l’an 400. Les Olmèques ont précédé toutes les civilisations mésoaméricaines que l’on connaît : Toltèques, Mayas, Aztèques, etc. Pour son expo de l’été, Pointe-à-Callière a rassemblé près de 300 objets issus d’une douzaine de musées mexicains.

Même le coordinateur de l’Instituto Nacional de Antropologia e Historia du Mexique, Juan Manuel Garibay Lopez, se réjouissait mercredi dernier de voir réunis en un seul et même lieu tous les objets, sculptures de pierre, stèles, figurines de jade et autres trésors archéologiques de la plus ancienne civilisation méso-américaine.

Et pourtant, on sait bien peu de choses de ce peuple précolombien établi essentiellement dans les villes de San Lorenzo, dans le sud de l’État de Veracruz, et La Venta, dans le nord de l’État de Tabasco.

En fait, la totalité des objets exposés ici – et au Mexique – a été découverte à partir du XIXe siècle, certains ont même été trouvés il y a quelques années à peine !

« C’est une civilisation méconnue et récemment découverte », a précisé la directrice générale de Pointe-à-Callière, Anne Élisabeth Thibault, durant la visite de presse.

On commence à peine à avoir quelques clés pour comprendre cette civilisation, la plus ancienne connue à ce jour de Mésoamérique, qui fait partie du grand patrimoine de l’humanité.

Anne Élisabeth Thibault

Les Olmèques se sédentarisent, développent des outils pour l’agriculture, irriguent les terres, mettent en place un système administratif, construisent les premières pyramides de Mésoamérique, mais s’initient également aux premières formes d’écriture, avec des pictogrammes, créent des rituels ainsi que des œuvres artistiques, bref, la culture olmèque domine l’ensemble du territoire mexicain.

Sculptures monumentales

En entrant dans la première salle, on se retrouve nez à nez avec une tête colossale de quatre tonnes représentant un haut dirigeant, un chaman ou un guerrier. Ces sculptures monumentales sont emblématiques de la culture olmèque – le Mexique possède aujourd’hui 17 de ces têtes colossales retrouvées dans les villes de San Lorenzo, La Venta ou Tres Zapotes.

PHOTO SERGIO ANTONIO ORT, FOURNIE PAR POINTE-À-CALLIÈRE

La tête colossale exposée à Pointe-à-Callière mesure 1,80 m de hauteur et pèse quatre tonnes.

Les caractéristiques de cette tête découverte à San Lorenzo (qui a plus de 3000 ans !) se retrouvent dans presque toutes les autres sculptures que l’on verra durant cette expo : nez épaté, yeux en amande, strabisme, lèvres charnues et tête allongée.

On retrouve également la sculpture d’un homme-jaguar, d’un lutteur, ainsi que de nombreux objets liés aux cultes du jaguar, du maïs ou de l’eau.

Une des œuvres majeures de l’expo se trouve dans la deuxième salle. Il s’agit d’une scène de vie miniature – retrouvée telle quelle en 1943 à La Venta, qui possède la plus ancienne pyramide de la région. On y retrouve une quinzaine de personnages sculptés en jadéite et serpentinite entourés de six petites stèles en granite. Ils semblent être à l’écoute d’une autre personne. S’agit-il du chef de bande ? Assiste-t-on à un conseil politique ?

L’œuvre datée de 800 ans av. J.-C. est tout simplement magnifique.

Autre pièce exceptionnelle, cette sculpture en forme de disque représentant un acrobate, découverte il y a quelques années à peine, exposée pour la première fois dans le monde !

Les spécialistes de la civilisation olmèque n’ont pas encore fini de l’interpréter. On y voit des visages aux traits de jaguar, des bras croisés et toujours ce visage typique avec ces yeux en amande et ce nez épaté.

PHOTO SÉBASTIEN ROY, FOURNIE PAR POINTE-À-CALLIÈRE

Une figure féminine en céramique attribuée aux Olmèques

Jeu de balle

On verra aussi plusieurs personnages (hommes ou femmes) représentant des divinités, des guerriers, mais aussi des joueurs. Car c’est aux Olmèques que l’on doit le fameux jeu de balle, une lourde balle en caoutchouc qu’il fallait se renvoyer, qui a été adoptée par les civilisations suivantes, dont les Mayas, qui sacrifiaient, lors de certains grands évènements, les joueurs de l’équipe perdante...

« On les surnomme d’ailleurs “peuple du caoutchouc”, nous dit Anne Élisabeth Thibault, en raison de leur maîtrise de ce matériau, avec lequel ils fabriquaient entre autres des balles. »

Pourquoi ont-ils disparu ? La fin de la civilisation olmèque demeure un mystère, nous disent les spécialistes de cette période. « Des phénomènes météorologiques extrêmes ou des facteurs sociaux auraient-ils poussé les Olmèques à changer de région ? Des groupes culturels émergents auraient-ils supplanté leur influence ? Des conflits politiques, des tensions sociales ou des changements dans la structure du pouvoir auraient-ils mené au déclin de cette civilisation ? »

Voilà autant de questions que se posent les exégètes de cette civilisation ancienne, qui a quand même légué aux civilisations qui ont suivi une part importante de son héritage. Pour en savoir plus, il faut se rendre à Pointe-à-Callière. Bien moins loin que le fameux Museo Nacional de Antropologia de Mexico, qui a prêté plusieurs de ces objets de valeur.

Jusqu’au 15 septembre au musée Pointe-à-Callière

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