Que fait-on avec une émission de radio qui arrive après toutes les autres ? On lui donne une direction complètement différente. C’est l’avenue qu’a décidé d’emprunter Geneviève Pettersen, l’animatrice d’un nouveau rendez-vous qui s’ajoutera à la grille du 98,5 en août prochain.

« Je me suis demandé ce que les gens auraient envie d’entendre à 18 h 30 alors que certains rentrent du boulot et que d’autres brassent une sauce à spaghetti. Les nouvelles, ils les ont entendues toute la journée. Il faut amener la discussion ailleurs. Mes patrons m’ont dit qu’ils voulaient une émission qui me ressemble. Alors, on va faire de l’infodivertissement. »

Geneviève Pettersen hésite à utiliser le terme « léger » pour décrire le contenu de cette émission qui sera diffusée du lundi au jeudi (sauf les soirs de hockey) et qui s’appellera Ça va aller loin. « On va parler de tout, mais on va tenter de ne pas être lourds. »

L’animatrice sera entourée de plusieurs collaborateurs. Elle insiste sur un aspect : elle veut mélanger toutes les générations. « Je suis tannée qu’on oppose toujours les jeunes aux plus vieux. Les clash de générations, je ne suis plus capable. On va mixer tout ce monde et on va débattre des sujets en fonction des idées. »

Geneviève Pettersen s’est jointe à l’équipe du 98,5 l’été dernier. Les auditeurs peuvent l’entendre régulièrement dans l’émission de Luc Ferrandez, Sans réserve. Elle a fait ce saut après trois années à QUB Radio. D’autres se souviendront de ses chroniques dans le magazine Châtelaine ou dans La Presse sous le nom de Madame Chose.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Geneviève Pettersen

À Noovo, elle participe aux Débatteurs. Car il faut le dire, Geneviève Pettersen ne craint pas de frayer avec l’opinion.

Je viens d’une famille où il y avait des caractères très forts, beaucoup de discussions et de critiques. Pour avoir sa place à table, il fallait que tu élabores ton propos.

Geneviève Pettersen

Ses parents ont favorisé ces prises de position. « Je dis toujours que ma mère est plus intéressante que moi. J’aimerais qu’elle se parte un TikTok. Ça serait extraordinaire. »

Celle qui s’est fait connaître avec le roman à succès La déesse des mouches à feu n’hésite pas à afficher des idées qui vont à contresens. Cela lui a toutefois fait vivre des épreuves très difficiles, notamment à cause des dérapages sur les réseaux sociaux.

« Je vais dire quelque chose de triste à ce sujet : je n’ai plus d’émotion par rapport à ça. Ça a été tellement violent quand j’étais chez Québecor. J’ai reçu des menaces de mort, la police est venue chez moi, j’ai dû aller récupérer mes enfants à l’école deux ou trois fois en catastrophe, mes patrons ont dû m’escorter jusqu’à ma voiture. »

Elle reconnaît que ces épisodes l’ont par la suite freinée dans ses élans. « Je me suis déjà dit un vendredi que je n’avais pas envie de passer un mauvais week-end. Il faut rester vigilant, mais ça reste du bruit qui est amplifié par une petite poignée de gens. Monsieur et madame Tout-le-Monde ne sont pas conscients de cela. »

À la barre de sa nouvelle émission, sera-t-elle tentée de faire part de ses idées à ses collaborateurs et invités ?

L’objectivité journalistique est un concept avec lequel j’ai du mal. Tout le monde a une subjectivité. Après, c’est une question d’éthique. Cela dit, je n’ai pas une opinion sur tout dans la vie. Au contraire, plus je vieillis, moins j’ai des opinions et plus j’ai des questions.

Geneviève Pettersen

Geneviève Pettersen déteste les « chambres d’écho » et pense qu’on doit apprendre à confronter ses idées à d’autres. « Je trouve ça sain de ressortir d’un débat avec une idée différente de celle qu’on avait au départ. Quand j’ai commencé à travailler avec Luc Ferrandez, j’avais une certaine image de l’homme. En le fréquentant davantage, j’ai découvert quelqu’un de différent. »

Après des études en lettres au cégep, Geneviève Pettersen s’est tournée vers les sciences de la religion. « Tout le monde me disait que ça ne servirait à rien, mais ça me sert tout le temps. J’ai appris à lire des textes, à développer ma pensée critique, à départager l’information crédible de celle qui ne l’est pas. Le religieux teinte tout dans le monde. »

Pas question pour l’animatrice de mettre de côté l’autrice qu’elle est, bien au contraire. Elle travaille actuellement au scénario d’une série télévisée dont elle ne peut dévoiler les détails. Elle s’élancera sous peu dans l’écriture d’un autre roman. « Toute la structure est établie. Il faut maintenant que je l’écrive. Mes romans représentent mon dernier espace de liberté. J’aime ne pas avoir de contrainte. »

Et le vendredi soir ?

Le créneau (18 h 30-20 h) qu’aura Geneviève Pettersen devait être occupé le vendredi soir par MC Gilles. Mais l’annonce de son congédiement, le 10 avril dernier, laisse maintenant une case libre.

Chez Cogeco, on a reçu une avalanche de propositions dans les heures qui ont suivi l’annonce de son départ. Des animateurs et humoristes se sont précipités pour offrir leurs services.

La direction du 98,5 est en train de regarder tout cela attentivement. Une annonce aura lieu sous peu.